Elon Musk et Donald Trump commencent à éliminer les emplois du gouvernement fédéral, sauf dans l’armée et la police

Le président Donald Trump écoute Elon Musk dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, mardi 11 février 2025, à Washington. [AP Photo/Alex Brandon]

Sous la direction du fasciste le plus riche du monde, Elon Musk, des centaines, voire des milliers, d'employés fédéraux américains ont été licenciés au cours des 48 dernières heures dans de multiples agences. Afin de financer les réductions d'impôts pour les riches et l'expansion des budgets de l'armée et de la police, des milliers de travailleurs dans des agences qui assurent la surveillance, les tests, l'éducation et la protection de l'environnement sont éliminés.

À l'heure actuelle, il semble que la plupart des licenciements touchent les travailleurs en période d'essai, car il est plus facile de les licencier. Il ne s'agit là que d'un premier pas vers ce qui est à venir. Il ne fait aucun doute que Musk, le président Donald Trump et le reste de l'oligarchie financière qu'ils représentent sont aussi impatients de licencier en masse les travailleurs permanents du gouvernement.

Sur les quelque 2,3 millions de personnes travaillant au sein du gouvernement fédéral américain, environ 200.000 sont actuellement en période de probation, qui dure généralement un an, mais peut aller jusqu'à trois ans, en fonction de l'agence et du poste.

USA Today a rapporté que des licenciements étaient « en cours dans plusieurs départements fédéraux ». Prédisant des dizaines de milliers d'autres suppressions d'emplois fédéraux, le Washington Post a rapporté mercredi soir que « les responsables de la Maison-Blanche envisagent de réduire les budgets des agences de 30 à 40 %, en moyenne, dans l'ensemble du gouvernement, en s'appuyant sur d'importantes réductions d'effectifs ».

Jusqu'à présent, les licenciements les plus importants ont été annoncés au sein de l'US Forest Service. Jeudi, Warner Vanderheuel, président du Forest Service Council, a déclaré à Bloomberg Law que 3400 travailleurs sur plus de 20.000 seraient licenciés. L'agence est actuellement chargée de gérer quelque 78 millions d'hectares, et se concentre sur la conservation des ressources naturelles et la gestion des forêts afin de prévenir les incendies.

Plus de 100 employés en période d'essai au ministère de l'Éducation et à l'administration des petites entreprises (SBA) ont été licenciés mercredi, selon CNN, qui a cité des sources syndicales et des documents gouvernementaux. La chaîne rapporte que les employés licenciés ont reçu une lettre qui disait notamment : « L'Agence estime, sur la base de vos performances, que vous n'avez pas démontré que la poursuite de votre emploi au sein de l'Agence serait dans l'intérêt du public. »

Jeudi, deux employés du ministère de l'Énergie ont déclaré à Politico que leur ministère prévoyait de « licencier la plupart ou la totalité des employés en période d'essai ». Une autre source du ministère de l'Énergie a déclaré que les licenciements collectifs prévus des employés stagiaires au ministère seront reproduits « pour l'ensemble du gouvernement fédéral ».

Toujours jeudi, Reuters a rapporté que des courriels de licenciement avaient été envoyés à des employés stagiaires du Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) et de la General Services Administration (GSA). Le personnel stagiaire de l'Office of Personnel Management (OPM), a noté Reuters, « a été licencié lors d'un appel collectif jeudi ».

Un employé de l'OPM a déclaré au Federal News Network qu'aucun représentant syndical n'était présent lors de l'appel de groupe et que le modérateur de la réunion « a désactivé l'accès au microphone et à la caméra pour tous les employés participant à l'appel après que quelqu'un a posé la question de la représentation syndicale ». L'employé a déclaré qu'environ 70 employés étaient présents lors de l'appel.

On ne sait pas exactement combien de travailleurs en période d'essai ont été ou seront licenciés. Selon Reuters, au moins 45 employés de la SBA, 100 employés de la GSA et 160 employés du ministère de l'Éducation ont été licenciés. Sur les réseaux sociaux, des travailleurs fédéraux ont signalé des licenciements à l'Office américain des brevets, à l'Administration des vétérans, au ministère de la Santé et des Services sociaux, aux Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, à l'Internal Revenue Service et au ministère de l'Agriculture, entre autres.

Les licenciements confirmés ne sont que la partie émergée de l'iceberg, et d'autres se profilent à l'horizon. Dans une déclaration au Federal News Network, un porte-parole de l'OPM a affirmé de manière menaçante que « la période probatoire est une continuation du processus de candidature à un emploi, et non un droit à l'emploi permanent ».

Ces licenciements interviennent alors qu'environ 75.000 travailleurs, soit environ 3 %, ont accepté une prétendue « indemnité de licenciement » de la part de l'administration Trump. Dans une répétition de son acquisition de Twitter en 2022, maintenant X, Musk a lancé un ultimatum aux employés fédéraux, leur offrant une démission différée avec salaire supposé jusqu'au 30 septembre. La proposition avait été mise en attente par un tribunal après que les syndicats fédéraux eurent poursuivi le gouvernement pour la bloquer, arguant qu'elle n'était pas financée, qu'elle était illégale et qu'elle ne donnait aux travailleurs que quelques jours pour prendre une décision.

Mercredi, un juge a levé la suspension du programme et l'offre a pris fin à minuit. L'administration Trump espérait qu'un plus grand nombre de travailleurs accepteraient l’indemnité, la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, ayant déclaré précédemment que l'objectif se situait entre 5 et 10 % de la main-d'œuvre fédérale actuelle (100.000 à 200.000 travailleurs).

Les licenciements ont commencé pour de bon cette semaine, à la suite d'un décret publié mardi par Trump, qui appelait à des réductions massives de la taille de la main-d'œuvre fédérale sous la direction du « Département de l'efficacité gouvernementale » de Musk.

Les marxistes soutiennent depuis longtemps que l'État est un instrument de domination de classe, et non un arbitre neutre de forces et d'intérêts sociaux concurrents. Le gouvernement américain n'est pas l'expression de la volonté démocratique de 330 millions de personnes, mais un outil de l'oligarchie financière, utilisé pour faire avancer les intérêts de classe de l'élite dirigeante.

Le décret pris mardi par Trump ne souligne pas seulement cette réalité, mais constitue un pas qualitatif vers la dictature. Le décret exige que le directeur de l'Office of Management and Budget (OMB), Russell Vought, auteur du Projet 2025 si réactionnaire que Trump a dû le désavouer pendant la campagne électorale, soumette un plan de réduction de la main-d'œuvre fédérale pour « maximiser l'efficacité et la productivité ».

Il demande aux chefs d'agence d'entreprendre des « réductions de la main-d’oeuvre à grande échelle » en mettant l'accent sur toutes les « initiatives de diversité, d'équité et d'inclusion de l'agence ». Cela signifie qu'il faut cibler tous les travailleurs engagés dans la lutte contre les discriminations et donner du pouvoir aux fascistes et à l’intolérance.

Notamment, le décret ne s'applique pas aux « fonctions liées à la sécurité publique, à l'application des lois sur l'immigration ou à l'application de la loi ». Il exclut également le « personnel militaire » et tout poste que les chefs d'agence jugent « nécessaire pour assurer la sécurité nationale, la sécurité intérieure ou les responsabilités en matière de sécurité publique ».

Cherchant à saboter les ministères en les empêchant d'embaucher les travailleurs dont ils ont besoin, le « plan » exige que les agences « n'embauchent pas plus d'un employé pour quatre employés qui partent ». Cela rendrait rapidement la plupart des services incapables de fonctionner, simplement en raison de l'attrition et des départs à la retraite.

Assurant un contrôle direct sur le processus d'embauche, le décret exige que les nouvelles embauches soient effectuées « en consultation avec le chef d'équipe DOGE de l'agence ». En outre, l'agence ne doit pas pourvoir « les postes vacants pour des nominations de carrière que le chef d'équipe du DOGE estime ne pas devoir être pourvus », à moins que le chef de l'agence – une autre personne nommée par Trump – n'en décide autrement.

Les travailleurs fédéraux, dont les départements sont menacés de « démantèlement » total, selon les termes de Musk, ne peuvent pas compter sur les démocrates, les syndicats ou les tribunaux pour les protéger. Aucun des syndicats fédéraux ou des politiciens démocrates n'a appelé à la grève, et encore moins à une grève générale de tous les travailleurs fédéraux, pour protéger les emplois et lutter contre les licenciements. Au lieu de cela, ils ont intenté des actions en justice qui seront soit annulées par des juges pro-Trump, soit produiront des décisions que Trump ignorera tout simplement.

Le déchaînement anti-travailleurs de Trump et Musk a provoqué une colère massive sur les médias sociaux et des manifestations devant les bâtiments gouvernementaux et dans les rues. La semaine dernière, des milliers de personnes se sont rassemblées devant les capitoles des États pour s'opposer aux attaques contre les immigrés, les droits démocratiques et l'aggravation des inégalités. Cette opposition, indépendante du Parti démocrate et de l'appareil syndical, doit être construite et développée.

Une attaque contre une partie de la classe ouvrière est une attaque contre l’ensemble de la classe ouvrière. La contre-révolution fasciste recherchée par Musk et Trump doit être contrée par un mouvement de masse de la classe ouvrière basé sur le programme de la révolution socialiste mondiale.

(Article paru en anglais le 14 février 2025)

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