Perspective

Trump jure de poursuivre son assaut anticonstitutionnel et les démocrates ne font rien

Le président Donald Trump s'adresse aux journalistes à bord d'Air Force One alors qu'il s'apprête à signer une proclamation déclarant le 9 février Journée du Golfe de l’Amérique lors de son voyage de West Palm Beach, en Floride, à la Nouvelle-Orléans, dimanche 9 février 2025. [AP Photo/Ben Curtis]

Trois semaines après l'investiture de Donald Trump pour un second mandat à la présidence des États-Unis, son assaut fasciste contre les normes constitutionnelles et juridiques s'intensifie.

Trump a réitéré ses projets d'expansion de l'impérialisme américain lors d'une interview avec Fox News diffusée le dimanche précédant le Super Bowl. Il a confirmé qu'il était « sérieux » dans sa volonté d'annexer le Canada en tant que 51e État. Alors qu'il se rendait à La Nouvelle-Orléans à bord d'Air Force One, Donald Trump a signé un décret déclarant que le 9 février serait la journée du « Golfe de l'Amérique », en l'honneur de son supposé changement de nom du Golfe du Mexique.

Dans le cadre d'une escalade majeure de la guerre économique contre le monde entier, Trump a déclaré qu'il signerait lundi un décret imposant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium, y compris celles en provenance du Canada et du Mexique. Il a ajouté que plus tard dans la semaine, « probablement mardi ou mercredi », il annoncerait des « droits de douane réciproques » sur d'autres importations en provenance de pays qui ont mis en place des droits de douane sur les produits fabriqués aux États-Unis.

D'après les chiffres publiés par les grands médias, Trump a défié ou bafoué plus d'une douzaine de lois fédérales, de nombreuses clauses de l'article I et de l'article II de la Constitution, ainsi que les premier, cinquième, huitième et quatorzième amendements. Plus de 40 actions en justice ont été intentées contre ses actions, et sept juges de la cour fédérale de district ont déjà rendu des ordonnances bloquant diverses actions de la nouvelle administration.

L'ampleur de cet assaut contre la légalité constitutionnelle a conduit une commentatrice influente, Karen Tumulty, du comité éditorial du Washington Post, à écrire : « Dire que ce qui se passe actuellement est une crise constitutionnelle est un euphémisme. Appelons les choses par leur nom : c’est un effondrement constitutionnel. » Loin d'affirmer l'autorité du Congrès, les dirigeants républicains de la Chambre et du Sénat ont fait preuve de « soumission » en approuvant sans broncher les nominations de Trump, telles que l'anti-vaccins Robert F. Kennedy Jr au ministère de la Santé et des Services sociaux et l'ancien animateur de Fox News et défenseur des criminels de guerre Pete Hegseth au Pentagone, note-t-elle.

Le New York Times a publié dimanche sur son site web un article de tête intitulé «Pourquoi les tribunaux fédéraux pourraient être le dernier rempart contre Trump », comparant le grand nombre de décisions de tribunaux inférieurs contre les décrets de Trump à la collaboration du Congrès, à l'impuissance du Parti démocrate et à ce qu'il dépeint comme des « rues pour la plupart tranquilles ».

Cette dernière référence est à la fois fausse et trompeuse. Des manifestations importantes ont eu lieu contre les attaques de Trump contre les immigrés, ainsi que contre le licenciement collectif des travailleurs du gouvernement fédéral. C'est le Parti démocrate et l'appareil syndical qui n'ont rien fait pour mobiliser l'opposition aux actions de Trump, canalisant au contraire toute l'opposition à Trump dans des procès intentés devant les tribunaux fédéraux.

Cela est lié au caractère de classe du Parti démocrate, un parti de Wall Street et de l'appareil militaire et de renseignement. Le contenu de classe essentiel des actions de Trump est devenu clair au cours de la semaine dernière, alors que l'assaut contre les travailleurs immigrés a été suivi par l'assaut contre les travailleurs fédéraux et tous les programmes sociaux.

Vendredi, Trump a limogé la présidente de la Commission électorale fédérale, Ellen Weintraub, et a annoncé son intention de remplacer les membres du conseil d'administration du John F. Kennedy Center for the Performing Arts par des personnes qu'il a lui-même nommées, en se nommant président et en s'octroyant le pouvoir d'interdire les spectacles auxquels il s'oppose.

Samedi, Russell Vought, le chef du Bureau de la gestion et du budget récemment confirmé par Trump, a interrompu tout financement du Bureau de la protection financière des consommateurs et a ordonné la fermeture de son siège. Dans le même temps, le Washington Post a rapporté que le département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) de Musk avait installé des agents dans 15 ministères, dont ceux de l'Énergie, de l'Éducation, du Travail et de la Santé et des Services sociaux.

Les agents de Musk contrôlent désormais l'Office of Personnel Management (OPM), la General Services Administration (GSA, où ils auraient l'intention de vendre la moitié des biens immobiliers appartenant au gouvernement fédéral) et l'Administration de la sécurité sociale. Trump a justifié la réduction des effectifs de la sécurité sociale en prétendant à tort que les « immigrés illégaux » bénéficiaient de prestations, même si les travailleurs sans-papiers cotisent à la sécurité sociale mais ne peuvent pas en bénéficier.

Tôt samedi, le juge fédéral Paul Engelmayer a interdit aux collaborateurs de Musk ne disposant pas d'une habilitation de sécurité adéquate d'accéder au système de paiement du ministère du Trésor. Parmi ces collaborateurs figuraient un multimillionnaire de la Silicon Valley lié à Musk et un spécialiste des technologies de l'information âgé de 25 ans qui avait déjà publié des messages racistes et anti-asiatiques. Le juge a fixé une audience à vendredi prochain, au cours de laquelle 19 États contesteront le décret de Trump. Musk a appelé à la destitution du juge, tandis que Trump a qualifié la décision de « folle ».

Alors que les dirigeants du Parti démocrate connaissent parfaitement la profondeur de l'assaut mené par la Maison-Blanche de Trump contre les droits démocratiques et les normes constitutionnelles, les démocrates se sont limités, tout au plus, à des critiques mineurs. Il n'y a pas eu d'appels aux armes de la part des ex-présidents Biden, Obama ou Clinton, des leaders actuels du Congrès Schumer et Jeffries, ou d'autres comme Kamala Harris, Nancy Pelosi et Bernie Sanders.

Il y a trois mois à peine, Harris et Tim Walz ont recueilli 75 millions de voix, perdant de peu face à Trump et J.D. Vance, qui ont obtenu 77,3 millions de voix. Les démocrates disposent de 47 sièges sur 100 au Sénat et 215 sur 435 à la Chambre des représentants. Dans des conditions équivalentes, les minorités républicaines ont pu pratiquement paralyser les administrations démocrates – ou du moins fournir aux présidents démocrates un prétexte utile pour mener des politiques de droite favorables aux entreprises. Mais la minorité démocrate d'aujourd'hui agit comme si elle était impuissante.

C'est en partie pour dissimuler leur accord avec l'essentiel du programme fasciste de Trump, en particulier sur la promotion du nationalisme économique et de la guerre commerciale, les coupes importantes dans les programmes sociaux, et le soutien au génocide israélien à Gaza et à la guerre impérialiste de manière plus générale. Dans le même temps, les démocrates craignent qu'une opposition, même symbolique, ne déclenche un bouleversement de masse qui échapperait rapidement à leur contrôle.

Pour l'instant, les démocrates utilisent la myriade de procès intentés contre les actions de Trump comme argument pour ne rien faire d'autre. De son côté, Trump a fait appel des décisions des tribunaux inférieurs, confiant que sa majorité fasciste à la Cour suprême, dont trois juges qu'il a lui-même nommés, finira par confirmer ses décrets. Mais il n'y a aucune raison de croire que Trump ne finira pas par défier les décisions de justice si elles sont confirmées en appel. Le vice-président Vance a tweeté samedi que l'ingérence judiciaire dans les actions de l'exécutif serait illégale. « Les juges ne sont pas autorisés à contrôler le pouvoir légitime de l'exécutif », a-t-il déclaré.

Il n'existe qu'une seule force sociale capable de s'opposer à l’assaut fasciste émanant de la Maison-Blanche et de le vaincre : c'est la classe ouvrière américaine, unie à la classe ouvrière d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud et du monde entier, dans une lutte commune contre le système capitaliste. Le Parti de l'égalité socialiste (États-Unis) et nos camarades dans le monde entier se battent pour mobiliser la classe ouvrière internationale sur la base d'un programme socialiste, contre les menaces du fascisme, de l'austérité capitaliste et de la guerre impérialiste.

(Article paru en anglais le 10 février 2025)

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