Alan Woods, dirigeant de l’organisation pseudo de gauche ICR, salue l'élection de Trump comme « une gifle» pour la classe dirigeante américaine

Woods au congrès fondateur du Parti communiste révolutionnaire (Royaume-Uni) le 3 mai 2024 [Photo by Socialist Appeal / CC BY-SA 4.0]

Le 6 novembre, au lendemain de l'annonce de la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine, Alan Woods, leader de l'Internationale communiste révolutionnaire (ICR), successeur de la Tendance marxiste internationale (TMI), a publié un article qui illustre de manière frappante l'orientation complaisante et antimarxiste de sa tendance politique.

Intitulé de manière révélatrice «La victoire de Trump: une gifle pour l'establishment», l'article fait écho aux fausses déclarations de Trump selon lesquelles il serait une figure anti-establishment tout en minimisant l’immense danger que représente une présidence Trump pour la classe ouvrière.

David North, président du comité éditorial international du World Socialist Web Site et président national du Parti de l’égalité socialiste (États-Unis), dans ses remarques introductives au webinaire post-électoral «La débâcle électorale et la lutte contre la dictature», a fait cette mise en garde:

Or, le SEP et le WSWS ne considèrent pas que l’accession de Trump à la présidence soit l’équivalent de la victoire d’Hitler en 1933. Les États-Unis ne sont pas l’Allemagne de Weimar, et une transformation des États-Unis en dictature policière soutenue par un mouvement fasciste de masse ne se fera pas du jour au lendemain, quelles que soient les intentions de Trump.

Mais il serait politiquement irresponsable, et contribuerait même au succès des objectifs de Trump, de ne pas reconnaître les implications dangereuses et les conséquences réelles de l'élection de mardi dernier. Il est au moins nécessaire de prendre au sérieux ce que Trump dit.

Cet avertissement s'applique pleinement à la présentation par Alan Woods de l'importance de l'élection de Trump. À la limite de l'engouement, il cherche à minimiser les dangers que représentent les projets de régime dictatorial et de contre-révolution sociale annoncés par Trump.

Woods écrit :

La classe dirigeante américaine, fermement soutenue par les gouvernements européens, était déterminée à l’empêcher [Trump] d’accéder au pouvoir, par tous les moyens possibles. Après l’éviction de Trump aux élections de 2020, tout a été fait pour l’empêcher de se présenter à nouveau […] Toutes les nombreuses attaques contre lui ont rebondi et se sont retournées contre ceux qui étaient considérés – à juste titre – comme impliqués dans une conspiration visant à l’empêcher de revenir à la Maison Blanche.

Cette représentation est fausse. La classe dirigeante n’était pas «déterminée à empêcher [Trump] d’accéder au pouvoir». Des pans importants de l’élite financière et des grandes entreprises, y compris des milliardaires comme Elon Musk et Peter Thiel, ont activement soutenu Trump, considérant son programme autoritaire et pro-patronat comme un moyen de promouvoir leurs propres intérêts de classe. D’autres, comme Jeff Bezos, ont déclaré leur soutien à Trump après l’élection.

Lorsque Woods écrit «… par tous les moyens possibles» et confirme les affirmations de Trump qu’il existerait une «conspiration pour l’empêcher de revenir à la Maison Blanche», il légitime la présentation de Trump comme victime d’une «guerre juridique» et d’une conspiration de l’État profond. Woods sous-entend que les poursuites contre ceux impliqués dans la tentative de renverser l’élection de 2020 doivent être considérées comme faisant partie d’une conspiration contre Trump, colportant ainsi la propre propagande de Trump, selon laquelle «les dés étaient pipés contre lui ».

En fait, avant l’élection, Trump et les secteurs de l’oligarchie de la grande entreprise et de la finance qui le soutenaient étaient «déterminés» à utiliser tous les moyens, «justes ou injustes », pour revenir à la Maison Blanche, complotant activement pour rejeter le résultat de toute élection qui ne mènerait pas à sa victoire. Il s’est avéré que la faillite totale du Parti démocrate a permis à Trump de s’assurer la victoire électorale. Après avoir conquis le pouvoir, Trump est en train de constituer rapidement un gouvernement de, par et pour l’oligarchie, tout en utilisant tous les moyens, «justes ou injustes», pour mettre en œuvre son programme.

Le Parti démocrate a fait tout ce qu’il pouvait pour créer les conditions d’un retour de Trump. Les démocrates ont eu quatre ans à la Maison Blanche afin de poursuivre Trump pour sa tentative de renverser la Constitution. Ils n’ont pris aucune mesure sérieuse pour y parvenir. Dans son discours d’investiture, deux semaines après l’attaque fasciste du Capitole le 6 janvier, Biden a déclaré qu’il voulait un «Parti républicain fort», même si celui-ci avait largement soutenu la tentative de coup d’État et continuait à défendre l’ex-président.

La priorité absolue du Parti démocrate était de préparer la guerre contre la Russie et la Chine, ce qui nécessitait le soutien des républicains. S’attaquer sérieusement à Trump aurait contrecarré cette politique de guerre. En même temps, Biden et les démocrates craignaient que la crise explosive du capitalisme américain et l’effondrement de ses formes traditionnelles de gouvernement ne conduisent à l’effondrement du système bipartite, qui est le moyen par lequel la classe dirigeante américaine maintient sa domination politique sur la classe ouvrière.

Woods présente l’élection de Trump comme une défaite de la classe dirigeante. Comment, alors, explique-t-il la hausse record des cours de Wall Street en réponse à l’élection de Trump ? Sans parler de la capitulation abjecte du Parti démocrate face au nouveau président et apirant dictateur, Biden promettant la transition «la plus fluide» possible et les démocrates de premier plan, de Bernie Sanders à Nancy Pelosi, déclarant vouloir « travailler avec» Trump pour garantir la « réussite » de son gouvernement?

La présentation de Trump comme une figure de la classe ouvrière

Woods écrit à propos de l’élection: «C’était une sorte de ‘révolte paysanne’ – une insurrection plébéienne et un vote de défiance écrasant envers l’ordre établi.» Ceux qui ont voté pour Trump «recherchent une alternative radicale», ajoute-t-il. «Sanders aurait pu leur fournir cette alternative s’il avait décidé de rompre avec les démocrates et de se présenter comme indépendant. Mais il a capitulé devant l’establishment du Parti démocrate, ce qui a déçu sa base électorale […] En l’absence d’un candidat de gauche viable, des millions de personnes qui se sentaient aliénées et dépossédées politiquement ont profité de l’occasion pour porter un coup bien asséné à l’establishment

Trump a su exploiter les injustices sociales, mais présenter sa victoire comme une « insurrection plébéienne» est la manifestation d’une prostration et d’une faillite politique abjectes. Comment un vote pour un candidat milliardaire d’extrême droite qui déclare son intention d’instaurer une dictature dès son premier jour de mandat et de mobiliser l’armée pour expulser des millions d’immigrés peut-il être un «coup bien asséné à l’establishment » ?

Il est à noter que Woods déplore que Bernie Sanders n’ait pas suivi le conseil de la TMI de lancer un parti indépendant, que la TMI s’était engagé à soutenir en 2016. Elle faisait partie de la fraternité pseudo de gauche qui s’est orientée vers la campagne de Sanders, conformément à sa perspective fondamentale de faire pression sur les démocrates pour les faire aller à gauche.

Woods va encore plus loin: «Donald Trump a joué un rôle très important en plaçant la classe ouvrière au centre de la politique américaine pour la première fois depuis des décennies.» Entre les mains de Woods, Trump, un conspirateur milliardaire déterminé à imposer une contre-révolution sociale, se transforme en agent du progrès historique. Il a même «joué un rôle très important» en mettant la classe ouvrière au centre de la politique américaine!

Trump le «pacifiste»

Poursuivant sa glorification de Trump, Woods le présente comme un frein potentiel à l’escalade de la guerre. Il écrit: «En substance, il est enclin à l’isolationnisme. Il est opposé à toute idée de voir l’Amérique s’empêtrer dans des alliances étrangères de quelque sorte que ce soit – Nations Unies, Organisation mondiale du commerce ou l’OTAN elle-même.»

Il écrit plus loin: «Il n’est cependant pas du tout évident qu’il soit en faveur d’une guerre avec la Chine, qui est une puissance très redoutable, tant sur le plan économique que militaire. »

Rien dans le passé de Trump, ses récentes déclarations ou les idées politiques des gens qu’il a nommés pour faire partie de son gouvernement ne vient étayer cette thèse. Récemment, Alex Wong, le nouveau conseiller adjoint à la sécurité nationale de Trump, a publié sur les réseaux sociaux le message suivant à propos de la Chine :

Les États-Unis et leur peuple doivent se préparer à un niveau de tensions, de déstabilisation régionale et – oui – de conflit possible que nous n’avons pas vu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Woods essaie de faire passer Trump pour un pacifiste. Rien n’est plus faux. Il existe bien sûr des différences de tactique au sein de la classe dirigeante. Sur les questions intérieures, certains secteurs ont préféré utiliser la bureaucratie syndicale pour étouffer la classe ouvrière. D’autres parties de la classe dirigeante cherchent à cultiver des milices d’extrême droite et à réprimer la classe ouvrière par la police. En matière de politique étrangère, le principal désaccord porte sur la question de savoir si la Chine doit ou non être la cible la plus immédiate.

Mais Trump et les Républicains sont des représentants absolument implacables de l’impérialisme américain. Il est significatif que Woods ne dise rien du soutien encore plus flagrant de Trump au génocide israélien contre les Palestiniens que celui de l’administration Biden, et du fait qu’il condamne les efforts, même rhétoriques, visant à éloigner les États-Unis du massacre et du nettoyage ethnique en cours.

Le blanchiment de la tentative du coup d'État du 6 janvier

Woods ne qualifie pas Trump de fasciste, mais seulement de politicien de droite. Son refus d’identifier Trump comme un fasciste est lié à la position de l’organisation prédécesseur du RCI, la TMI, sur la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021. Comme le rapporta à l’époque le World Socialist Web Site, Woods écrivit: «Il ne s’agissait pas d’un coup d’État insurrectionnel organisé sur le point de renverser le gouvernement américain et d’imposer un régime fasciste pour écraser les travailleurs et la gauche. Loin de là!»

Cette position a ses racines dans l’illusion dangereuse que la classe dirigeante et l’armée des États-Unis restent attachées aux formes démocratiques de gouvernement. La TMI a affirmé que la tentative de coup d’État du 6 janvier était un acte isolé, impliquant uniquement Trump et la foule qui a pris d’assaut le Capitole. Elle est allée jusqu’à affirmer que « Trump et ses partisans inconditionnels au Congrès n’avaient presque certainement pas prévu que la foule envahisse le Capitole, mais ils jouaient avec le feu […] Les chiens d’attaque de Trump […] ont rompu leurs laisses ».

La section américaine de la TMI a écrit au lendemain de la tentative de coup d’État du 6 janvier que le fascisme n’était une menace que «… si la classe ouvrière ne parvient pas à prendre le pouvoir au cours des dix ou vingt prochaines années, et seulement après une série de défaites graves ».

En fait, les événements du 6 janvier 2021 et le phénomène Trump dans son ensemble sont le résultat d’un processus prolongé de crise et de déclin de la démocratie américaine, qui dure depuis des décennies. La décision de la Cour suprême lors des élections de 2000, qui a attribué de manière antidémocratique la présidence à George W. Bush, le perdant du vote populaire et électoral, n’a pas rencontré d’opposition de la part du Parti démocrate. Cela révèle, comme l’a analysé le World Socialist Web Site, qu’il n’existe dans la classe dirigeante aucun secteur significatif favorable à une défense de la démocratie. Le juge de la Cour suprême Scalia a exprimé le point de vue de certaines couches dirigeantes lorsqu’il a déclaré qu’il n’existait aucun droit constitutionnellement protégé d’élire un président.

Le fait que Woods n’ait pas qualifié Trump de fasciste n’est pas un oubli. Lui et l’ICR rejettent explicitement toute désignation de Trump et de son prochain gouvernement comme étant fascistes. La conférence fondatrice, tenue en juin de cette année, qui a transformé la TMI en ICR (Internationale communiste révolutionnaire), a adopté un manifeste qui comprend le passage suivant:

Les impressionnistes superficiels de la soi-disant gauche internationale considèrent bêtement le trumpisme comme du fascisme: une telle confusion ne peut pas nous aider à comprendre la véritable signification de phénomènes importants.

Ces absurdités les conduisent directement dans le marais de la politique de collaboration de classes. En avançant la fausse idée du «moindre mal», ils invitent la classe ouvrière et ses organisations à s’unir avec une aile réactionnaire de la bourgeoisie contre une autre.

C’est cette fausse politique qui leur a permis de pousser les électeurs à soutenir Joe Biden et les démocrates – un vote que beaucoup ont ensuite amèrement regretté.

En rabâchant sans cesse le prétendu danger du «fascisme», ils désarmeront la classe ouvrière face aux véritables formations fascistes qui se présenteront à elle dans le futur. Pour ce qui est du présent, ils passent complètement à côté de l’essentiel.

Derrière cette complaisance grotesque et cette prostration face à la menace fasciste se cachent un profond pessimisme et un rejet démoralisé de la possibilité pour la classe ouvrière de jouer un rôle politique indépendant et révolutionnaire. C’est le sens de l’affirmation que déclarer que Trump est un fasciste revient automatiquement à adopter la position du «moindre mal» et à soutenir les démocrates.

Selon Woods et l’ICR, on ne peut pas à la fois reconnaître le contenu fasciste, violemment contre-révolutionnaire et anti-ouvrier de la politique de Trump – incarnée par l’assemblage de milliardaires, de gangsters politiques et de charlatans de sa nouvelle administration – et en même temps lutter pour une rupture d’avec les démocrates et pour l’indépendance politique de la classe ouvrière. Pourtant, c’était précisément le programme mis en avant par le Socialist Equality Party (Parti de l’égalité socialiste) dans sa campagne pour l’élection présidentielle de 2024, dirigée par Joseph Kishore et Jerry White.

L’arrivée d’un fasciste à la Maison Blanche n’est pas synonyme de consolidation d’un régime fasciste aux Etats-Unis. La classe ouvrière va opposer à la politique de Trump une résistance et des batailles massives, ce qui créera les conditions objectives de la construction d’un leadership révolutionnaire et de la mobilisation de la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste et internationaliste.

Afin de nier que Trump représente quelque chose de fondamentalement différent dans la politique américaine – et dire que son gouvernement ne sera qu’une continuation de la réaction politique – Woods omet dans son article, comme le fait l’ICR dans son document fondateur, toute discussion concrète de sa réelle politique. Il ne dit rien des attaques pogromistes de Trump contre des immigrés qui jouent pour lui le rôle joué par les Juifs dans l’agitation fasciste d’Hitler, ni de sa promesse d’utiliser l’armée pour expulser des millions de travailleurs immigrés dès le premier jour de son administration.

Il ne dit rien sur la promesse de Trump de détruire «l’ennemi intérieur», qu’il identifie comme étant les gens de gauche et les socialistes. Il ne dit rien sur la promesse de Trump de réduire de 2 000 milliards de dollars le budget fédéral, de supprimer toutes les réglementations sur les grandes entreprises et de licencier des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux. Il ne dit rien sur les menaces dérangées de Trump d’imposer des tarifs douaniers massifs et de mener une guerre commerciale mondiale, antichambre de la troisième guerre mondiale.

L’ICR affirme qu'il n'y a pas de perspective d’une guerre mondiale

La minimisation par Woods du danger représenté par Trump s’inscrit dans l’analyse globale avancée dans le document fondateur de l’ICR, qui nie l’immédiateté et la profondeur de la crise du capitalisme américain et mondial.

À propos du danger d’une guerre impérialiste, l’ICR écrit: «Dans le passé, les tensions existantes auraient déjà conduit à une guerre majeure entre grandes puissances. Mais le changement des conditions a retiré cette question de l’ordre du jour, du moins pour le moment.»

Le document poursuit en écartant le danger d’une guerre nucléaire, affirmant que «dans les conditions actuelles, une guerre mondiale est exclue […]». En conclusion, il déclare: «Pour les raisons évoquées ci-dessus, la crise actuelle sera de nature prolongée. Elle peut durer des années, voire des décennies…»

Cette sous-estimation politiquement criminelle de la crise est liée à la perspective de regroupement et de liquidation de l'ICR dans des organisations staliniennes et pseudo-gauches au nom de la poursuite d'une politique de «front unique». Tel est le véritable contenu de sa nouvelle internationale «communiste».

Le document fondateur de l’ICR promeut ainsi le Parti communiste grec stalinien, dont l'histoire est celle de la complicité dans tous les crimes contre-révolutionnaires de la bureaucratie soviétique, depuis les procès de Moscou et le meurtre des bolcheviks ayant dirigé la Révolution d'octobre, dont Léon Trotsky, jusqu'à la soumission par Syriza de la classe ouvrière grecque au programme d'austérité brutal du FMI, en passant par la trahison de la guerre civile grecque après la Seconde Guerre mondiale.

Le document déclare:

Le Parti communiste grec (KKE) a sans aucun doute fait des pas importants en rejetant la vieille idée discréditée des staliniens et des mencheviks concernant les deux étapes […] Il est trop tôt pour conclure que les progrès réalisés par les communistes grecs sont achevés.

Falsification de l'histoire pour exclure la Quatrième Internationale

Hautement révélatrice est la falsification de l’histoire du mouvement marxiste afin d’exclure le rôle de Trotsky en tant que fondateur de la Quatrième Internationale et, en fait, l’existence même de la Quatrième Internationale depuis 1938, y compris sa présence vivante aujourd’hui sous la forme du Comité international de la Quatrième Internationale et de ses Partis de l’égalité socialiste affiliés.

Le document fondateur de l’ICR stipule :

Ce qu’il faut, c’est un véritable Parti communiste, qui se fonde sur les idées de Lénine et des autres grands maîtres marxistes, et une Internationale sur le modèle de l’Internationale communiste pendant ses cinq premières années.

En d’autres termes, Staline a détruit la continuité du marxisme et du socialisme international, et l’œuvre monumentale de Trotsky dans la fondation de la Quatrième Internationale n’a eu aucune importance. Il s’agit là en fait d’une capitulation politique devant la contre-révolution stalinienne. Le rejet de la continuité du marxisme à travers la Quatrième Internationale laisse l’ICR libre de s’engager dans une politique nationaliste et opportuniste derrière une façade de rhétorique «communiste». Le résultat est une capitulation non seulement devant le capitalisme en général, mais aussi devant son aile fasciste.

La complaisance et l’opportunisme de l’ICR trouvent leurs racines dans ses origines historiques et dans son rejet de longue date de la conception léniniste de la lutte pour la conscience socialiste.

Pour l'ICR, la conscience socialiste se développe comme un processus automatique, excluant le rôle du parti révolutionnaire et de sa lutte pour gagner la classe ouvrière à une perspective socialiste. L'ICR rejette ouvertement cette tâche. Son document fondateur déclare:

«Autrefois, il fallait lutter pour convaincre les gens de la justesse des idées communistes et marxistes. Ce n’est plus le cas.»

Lénine a écrit dans Que faire?:

On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l'idéologie bourgeoise […]notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu'a le trade-unionisme [syndicalisme] à se réfugier sous l'aile de la bourgeoisie, et de l'attirer sous l'aile de la social-démocratie révolutionnaire…

La prosternation de l’ICR devant Trump et la droite fasciste est le produit de ses origines historiques dans la Tendance pabliste ‘Militant’ dirigée par Ted Grant.

La Tendance Militant a passé la majeure partie du XXe siècle à répandre des illusions sur les travaillistes de «gauche», fonctionnant comme une faction à l’intérieur du Parti travailliste britannique. Les groupes nationaux du prédécesseur politique de l’ICR, la TMI, fonctionnaient comme des factions à l’intérieurs de partis pseudo de gauche comme Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, Die Linke en Allemagne et le Nouveau Front populaire en France. De cette façon, ils ont semé des illusions dans des partis politiques qui ont trahi la classe ouvrière, mené des politiques d'austérité et promu le nationalisme et le militarisme.

Conclusion

Comme l’a déclaré David North en introduction à la réunion en ligne du World Socialist Web Site, le 10 novembre, en réponse aux élections américaines: «Le temps de la politique sérieuse a commencé.» L’ICR ne représente pas la politique sérieuse. Son bilan est celui d’un entrisme profond dans des partis pseudo de gauche et d’opposition à la lutte pour élever la conscience politique de la classe ouvrière.

Une lutte contre Trump est nécessaire et doit être préparée politiquement dans la classe ouvrière sur la base d’une perspective politique ancrée dans l’assimilation des expériences historiques de la classe ouvrière.

L'administration Trump déclenchera d'immenses luttes, et il serait erroné de considérer que la marche vers la dictature est achevée. Cela se décidera dans la lutte. L’ICR cependant, désarme activement la classe ouvrière et affirme même que l'élection de Trump est une défaite pour la classe dirigeante.

Les travailleurs et les jeunes qui reconnaissent le danger que Trump instaure une dictature, destruise les droits sociaux de la classe ouvrière et marche à la guerre mondiale doivent entreprendre la lutte pour préparer la classe ouvrière aux luttes de masse imminentes. Cela ne peut se faire qu’en étudiant l’analyse faite sur le World Socialist Web Site et en décidant de rejoindre et de construire le Parti de l’égalité socialiste aux États-Unis et le Comité international de la Quatrième Internationale, le parti mondial de la révolution socialiste.

(Article paru en anglais le 11 décembre 2024)

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