Il faut construire un mouvement pour rejeter cette capitulation et imposer la volonté des membres ! Contactez le WSWS dès maintenant pour obtenir des informations sur la création d'un comité de base chez Boeing.
Les travailleurs ont réagi avec colère dimanche lorsque l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA) a annoncé une entente de principe pour 33.000 travailleurs de Boeing dans la région de Seattle et dans le nord-ouest du Pacifique. Le contrat, que les travailleurs n'ont que quatre jours pour examiner avant de voter, vise à bloquer une grève pour laquelle les travailleurs ont voté à 99,9 % lors d'une réunion de masse en juillet dernier.
La loge 751 du district de l'AIMTA qualifie l'entente de principe de «meilleur contrat que nous ayons négocié dans notre histoire» et recommande de voter «oui». Mais en réalité, il impose les coûts de la profonde crise que traverse la compagnie en raison de la réduction des coûts des procédures de sécurité et d'assurance qualité de base, qui ont conduit à deux accidents mortels et à de nombreux autres incidents dangereux sur les avions 737-MAX de la compagnie.
Les principales caractéristiques de l'accord sont les suivantes :
Les augmentations salariales ne sont que de 25 %, réparties sur quatre ans, bien en deçà des 40 % que les représentants prétendaient être le strict minimum. Étant donné que les travailleurs n'ont pas eu d'augmentation de salaire depuis 2014, lorsque l'AIMTA a fait passer de justesse une prolongation de 10 ans dans des circonstances douteuses, les travailleurs gagneront moins qu'il y a dix ans.
Un travailleur a écrit sur les médias sociaux : «Si vous vivez près de Puget Sound, vous remarquerez que le coût des choses, en particulier des loyers, a augmenté dans tous les domaines. La moyenne pour un studio ou un appartement d'une chambre à coucher est d'au moins 1300 dollars. Je suis ici depuis environ 15 ans et mon premier appartement d'une chambre à coucher coûtait 625 dollars, à titre de comparaison.»
L'accord contient également une promesse sans valeur selon laquelle l'entreprise produira tout nouveau modèle d'avion commercial dans l'usine syndiquée d'Everett, dans l'État de Washington, plutôt que dans son usine non syndiquée de Caroline du Sud. Cette promesse ne vaut rien, étant donné qu'aucun avion de ce type n'entrera en production pendant la durée de la convention collective.
La convention collective supprime la prime annuelle AMPP (Aerospace Machinists Performance Program), qui s'élevait en moyenne à 3,7 % au cours des dernières années et qui est basée sur «les améliorations en matière de productivité, de qualité et de sécurité». Cette prime est souvent cruciale pour la subsistance de nombreux travailleurs, d'autant plus qu'elle est généralement versée pendant la période des impôts.
Son exclusion du contrat souligne que celui-ci impose le coût financier de ces problèmes de sécurité aux travailleurs qui luttent depuis des années contre la négligence des entreprises.
L'AIMTA s'est également vantée que l'accord avait «amélioré les limites du temps supplémentaire» en réduisant à un seul le nombre de week-ends consécutifs pendant lesquels un travailleur peut être programmé. Mais une nouvelle clause «Limite des jours de semaine» permet à Boeing d'exiger des travailleurs qu'ils effectuent deux heures supplémentaires «n'importe quel jour de semaine». Cette limite peut être contournée à tout moment si l'entreprise invoque des «situations de production d’urgence» ou des «changements critiques sur la chaine de production», termes qui ne sont pas définis davantage. Cela signifie que la direction peut imposer des heures supplémentaires sans restriction en déclarant une «urgence».
La base doit se mobiliser
Le World Socialist Web Site exhorte les travailleurs de Boeing à rejeter cet accord de la manière la plus décisive possible. Les travailleurs doivent s'organiser dès maintenant pour imposer la décision démocratique de grève prise en juillet. Cela signifie la formation d'un comité de base des travailleurs de Boeing, indépendant de la bureaucratie de l'AIMTA. Cela leur permettra de préparer et d'appliquer toutes les décisions que les travailleurs jugeront nécessaires, en passant outre l'opposition des responsables syndicaux favorables à l'entreprise.
Des comités de base ont déjà été créés ces dernières années pour lutter contre la capitulation des syndicats, notamment parmi les travailleurs de la logistique, les cheminots, les ouvriers de l'automobile et d'autres encore.
En particulier, les travailleurs de Boeing doivent être prêts à imposer un contrôle du vote par la base. Le vote de jeudi n'est pas une procédure équitable et impartiale : c'est un coup monté. Le fait que les responsables syndicaux l'aient planifié avant même d'avoir officiellement conclu un accord prouve qu'ils n'ont jamais eu l'intention de faire grève et qu'ils avaient déjà conclu un accord dans le dos des travailleurs.
Pire encore, la procédure elle-même, en incluant l'exigence arbitraire et antidémocratique de deux étapes qui «ratifie» la convention collective à moins que les travailleurs ne votent à nouveau la grève à une majorité des deux tiers, crée une échappatoire qui permet aux responsables de l'AIMTA d'imposer l'entente même si une majorité la rejette.
Les travailleurs ont déjà fait un premier pas important dimanche sur la plateforme de médias sociaux Reddit, lorsqu'ils ont organisé un «vote non officiel». À l'heure où nous écrivons ces lignes, 375 personnes ont voté «Non, grève», contre seulement 79 qui ont voté «Oui, pas de grève», soit 82 voix contre 18.
Les travailleurs se souviennent amèrement de l'expérience du vote sur la prolongation de la convention collective en 2014, qui avait été adoptée de justesse (51 %-49 %) malgré de nombreuses contestations pour irrégularités. «Je suis terrifié à l'idée que le scrutin soit truqué – j'espère qu'il y a des observateurs avec cette équipe de vendus», a déclaré un travailleur sur les médias sociaux. Un autre a commenté : «Quel genre de pots-de-vin la direction du syndicat reçoit-elle pour faire cette recommandation obscène ?»
Des centaines de travailleurs furieux se sont rendus sur Reddit et d'autres sites de médias sociaux pour s'opposer à l'accord. Voici d'autres commentaires :
«Une fois de plus, notre syndicat ne fait pas ce que nous voulons, surpris ? Pas du tout. Je vais voter non à l'offre et oui à la grève !!!!» et «Faites passer le message ! REJETEZ L’ENTENTE, VOTEZ POUR LA GRÈVE !!»
«Je continuerai à voter non jusqu'à ce que les nouveaux employés de grade 1 soient suffisamment payés pour se permettre un appartement d'une chambre à coucher, les charges et l'épicerie sans avoir à faire d'heures supplémentaires.»
«Ils seront heureux de collecter davantage de cotisations et de ne pas avoir à puiser dans le fonds de grève pour nous verser un faible chèque de grève de 250 $ la troisième semaine.»
«En moins de 24 heures, une entente qui semblait impossible est maintenant recommandée par le syndicat. Je me demande quels accords secrets ont été négociés.»
«Les représentants des entreprises gagnent plus de 150.000 dollars par an et le président du syndicat plus de 250.000 dollars par an pour quelle raison ?? »
Une vague de trahisons de la part des bureaucrates syndicaux
En prenant position chez Boeing, les travailleurs enverront un message aux travailleurs du monde entier : ils ne sont pas obligés d'accepter des contrats de misère.
Boeing n'est que le dernier en date d'une série d’importantes conventions collectives dans lesquelles de fausses menaces de grève ont été suivies d'une capitulation. Elle fait suite à des manœuvres similaires de la bureaucratie des Teamsters chez UPS l'année dernière, ainsi que des Travailleurs unis de l'automobile (UAW), qui ont appelé à une grève symbolique qui a à peine perturbé la production.
Tout comme l'AIMTA le prétend aujourd'hui, les bureaucrates avaient affirmé que ces conventions collectives étaient parmi les meilleures jamais négociées. Mais depuis lors, des milliers de travailleurs d'UPS et de l'automobile ont perdu leur emploi, et bien d'autres sont en passe de subir le même sort.
Il s'agit également d'un sérieux avertissement pour les dizaines de milliers de dockers de la côte est, où l'International Longshoremen's Association menace bruyamment de faire grève à la fin du mois. Une règle générale semble s’imposer : plus militantes sont les paroles, plus grosse sera la trahison.
Ces dernières années, ces trahisons ont eu lieu avec l'implication de haut niveau de la Maison-Blanche de Biden. Le soi-disant «président le plus favorable aux syndicats dans l'histoire des États-Unis» est en réalité le président le plus favorable à la bureaucratie syndicale dans l'histoire, s'appuyant sur la bureaucratie corrompue pour imposer des salaires sous l'inflation et empêcher les grèves.
L'exemple le plus tristement célèbre est celui de 2022, lorsque Biden et le Congrès ont interdit une grève dans les chemins de fer. Aujourd'hui, les syndicats ferroviaires, y compris le district 19 de l'AIMTA, tentent de faire passer discrètement de nouveaux accords encore plus défavorables avant les élections de novembre.
La visite, la semaine dernière, de la secrétaire d'État au Travail par intérim Julie Su, comme l'a signalé le WSWS, était le signe que l’AIMTA et Boeing étaient sur le point d'annoncer un accord qui ne répondrait à aucune des revendications des travailleurs.
Les travailleurs de Boeing se battent non seulement contre l'entreprise et ses larbins de l'AIMTA, mais aussi contre le gouvernement. En particulier, une grève chez un grand entrepreneur militaire qui mettrait en péril à la fois les guerres déjà en cours et celles prévues après les élections ne peut être autorisée.
Les travailleurs ne peuvent riposter qu'en faisant appel au soutien le plus large de la classe ouvrière. Des appels particuliers doivent être lancés aux dockers, aux cheminots et à d'autres secteurs clés de la chaîne d'approvisionnement pour qu'ils s'unissent dans la lutte et préparent des actions communes à travers les États-Unis et même le monde.
Au fond, la convention collective chez Boeing soulève des questions sur l'ensemble du système social. Les bureaucrates de l'AIMTA ont déclaré pendant des mois que leur priorité absolue était de «sauver Boeing de lui-même». Mais sauver cette entreprise privée – ce qui ne peut signifier que restaurer ses profits et la valeur de ses actions – n'est possible que sur la base d'une main-d'œuvre toujours plus profondément exploitée.
L'AIMTA l'a réitéré dans l'annonce de son entente. «Financièrement, l'entreprise se trouve dans une position difficile en raison de nombreux faux pas qu'elle s'est elle-même infligés» – leur terme poli pour désigner l'indifférence dépravée qui a tué des centaines de personnes, y compris leur implication possible dans la mort mystérieuse de deux dénonciateurs – [et] «ce sont les membres de l'AIMTA qui remettront l'entreprise sur la bonne voie». Incapables de se contenir, ils s'extasient ensuite : «nous aimons cette entreprise».
Il ne s'agit pas de «sauver» Boeing, mais de le retirer des mains des criminels d'entreprise. Boeing doit être transformé en un service public, contrôlé par les travailleurs eux-mêmes et organisé pour servir une fonction publique essentielle, et non pour gonfler les profits de Wall Street.
Pour cela, il faut mobiliser l'ensemble de la classe ouvrière contre les profits des sociétés et les bureaucrates syndicaux qui les défendent.
Il faut construire un mouvement pour rejeter cette capitulation et imposer la volonté des membres ! Contactez le WSWS dès maintenant pour obtenir des informations sur la création d'un comité de base chez Boeing.
(Article paru en anglais le 9 septembre 2024)