Perspective

Les enjeux qui se posent à la classe ouvrière en cette fête du Travail

Des travailleurs de l’usine de pièces automobiles Dakkota à Chicago sur le piquet de grève le 27 août 2024

Aujourd'hui, c'est la fête du Travail aux États-Unis, qui marque traditionnellement le début de la phase finale des élections présidentielles. Pour les deux derniers mois de leur campagne, les deux partis, les démocrates et les républicains, mènent une vaste supercherie politique.

La campagne de Kamala Harris fait tout ce qu'elle peut pour éviter de discuter de son véritable programme, qui est centré sur l'escalade de la guerre impérialiste. La campagne de Trump dissimule ses politiques fascistes, qui expriment les intérêts de sections impitoyables de l'oligarchie financière et patronale, sous un assaut de démagogie populiste.

Les événements officiels de la fête du Travail organisés par l'appareil syndical tournent en dérision toute idée de pouvoir de la classe ouvrière. L'appareil syndical tente de présenter Harris comme la candidate de la classe ouvrière, dans des conditions où l'appareil syndical lui-même contribue à mettre en œuvre une attaque majeure contre les emplois et les salaires.

L'UAW accueillera Harris à Detroit un mois avant le licenciement collectif de plus de 2000 travailleurs à l'usine de camions Warren de Stellantis, le 8 octobre, que l'UAW contribue à mettre en œuvre. À l'usine de pièces automobiles Dakkota à Chicago, l'UAW a forcé les travailleurs à voter cinq fois sur la même entente de capitulation négociée par le syndicat, qui a finalement été adoptée sous la menace et le chantage samedi.

L'utilisation de l'appareil syndical pour subordonner les travailleurs à la guerre est au cœur de la stratégie politique du Parti démocrate. C'est ce que le président Biden a voulu dire lorsqu'il a qualifié l'AFL-CIO d'«OTAN nationale».

On peut affirmer avec certitude que, dans son discours sur la fête du Travail, Harris ne dira rien sur le fait qu'une énorme escalade est actuellement en cours dans la guerre contre la Russie, y compris le déploiement de chars de l'OTAN sur le territoire russe et, dimanche, des frappes coordonnées de drones sur Moscou et d'autres villes russes. Vendredi, le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, membre de l'OTAN, a averti que la guerre en Ukraine «risque de dégénérer en une guerre impliquant l'utilisation d'armes nucléaires».

Dans le même temps, la participation directe de l'administration Biden-Harris au génocide israélien à Gaza suscite la révolte et l'indignation des masses. Alors que Harris parle de «cessez-le-feu», le régime israélien de Netanyahou, avec le soutien des États-Unis, étend le génocide à la Cisjordanie, tout en menaçant l'Iran d'une guerre régionale.

Tout doit être subordonné à ce programme de guerre. Le Parti démocrate, qui est le parti de Wall Street, des agences de renseignement militaire et des sections privilégiées de la classe moyenne supérieure, est incapable de proposer des politiques qui s'attaquent à la catastrophe sociale à laquelle sont confrontées les masses de travailleurs et de jeunes.

C'est ce qui permet à Trump et aux républicains d'exploiter la colère sociale. Les travailleurs doivent toutefois être mis en garde : Trump et son mouvement MAGA sont une nouvelle forme de fascisme à l'américaine.

Trump, s'inspirant d'Hitler et de Mussolini, prétend qu'il va «sauver les emplois américains» et même mettre fin à la guerre contre la Russie en Ukraine. Le véritable programme de Trump, cependant, est la mise en œuvre impitoyable des diktats de l'oligarchie financière.

Le «Projet 2025» des républicains et le programme «America First» de Trump exposent clairement cette politique : levée de toutes les réglementations limitant l'exploitation des travailleurs par les entreprises, coupes massives dans les programmes sociaux et nouvelles réductions d'impôts pour les super-riches. C'est pourquoi la campagne de Trump est financée par des pans entiers de l'aristocratie financière, comme le PDG de Blackstone Stephen Schwarzman (valeur nette de 43,2 milliards de dollars) et le patron de Tesla et propriétaire de X Elon Musk (243,7 milliards de dollars).

La démagogie fasciste de Trump se concentre sur les immigrants et les réfugiés, qu'il cherche à rendre responsables de la crise sociale aux États-Unis et à détourner l'attention de l'élite patronale et financière qui exploite les travailleurs de toutes origines et nationalités à des fins de profit. Il a menacé de déployer la Garde nationale pour rassembler et expulser des millions de travailleurs immigrés.

En d'autres termes, il menace de recourir à la dictature militaire. La principale cible de la destruction des droits démocratiques fondamentaux est la classe ouvrière.

C'est le «choix» proposé à la population lors des élections. L'ensemble du processus est lui-même profondément antidémocratique. Les deux partis – les démocrates en particulier – s’efforcent d’empêcher tout candidat autre que Harris et Trump d'apparaître sur le bulletin de vote, en exploitant les règles d'accès au scrutin qui nécessitent souvent des dizaines de milliers de signatures ou plus dans chaque État. Tout est fait pour exclure toute articulation politique des intérêts de la classe ouvrière.

Quel que soit le candidat qui l'emportera, il sera suivi d'un élargissement de la guerre qui menace le monde d'anéantissement nucléaire, d'une intensification de l'assaut contre les droits démocratiques et d'une escalade des attaques contre les conditions de vie. De plus, les deux partis sont absolument engagés dans une politique de «COVID pour toujours», alors qu'une nouvelle vague importante d'infections et de décès se profile.

Dans la grande masse de la classe ouvrière et de la jeunesse, la colère et le mécontentement social montent. Cependant, la transformation de cette opposition en un mouvement conscient pour le socialisme n'est pas automatique.

En annonçant la campagne électorale du Parti de l'égalité socialiste (SEP) de Joseph Kishore à la présidence et de Jerry White à la vice-présidence, le président national du SEP, David North, a écrit que l'objectif de la campagne consistait à

élever la conscience politique de la classe ouvrière, pour développer sa compréhension du fait qu’aucune solution ne peut être trouvée au moindre des problèmes auxquels les travailleurs sont confrontés sans mettre un terme au système capitaliste et en le remplaçant par le socialisme, et que cette grande tâche historique ne peut être accomplie qu’en adoptant une stratégie globale visant à mobiliser le pouvoir de la classe ouvrière américaine et internationale dans une lutte unifiée contre le système capitaliste mondial.

Telle est la tâche fondamentale qui se pose aux travailleurs et aux jeunes au cours des deux mois qui nous séparent des élections et au-delà.

(Article paru en anglais le 2 septembre 2024)

Loading