Sommet Biden-Xi: les États-Unis intensifient leur agression envers la Chine

Derrière une façade de «stabilisation» des relations, le sommet du 15 novembre entre le président américain Joe Biden et le président chinois Xi Jinping a été le signal d’une escalade des mesures de guerre dirigées contre la Chine, visant à paralyser son économie et à l’encercler militairement.

Le président Joe Biden (à droite) écoute le président chinois Xi Jinping lors de leur rencontre en marge de la conférence sur la Coopération économique Asie-Pacifique, mercredi 15 novembre 2023. [AP Photo/Doug Mills/The New York Times via AP, Pool)]

Alors qu’il renforce son soutien au génocide israélien à Gaza, le gouvernement Biden envoie un message sans équivoque de sa volonté d’infliger le même genre de barbarie militaire au peuple chinois, que la Maison-Blanche et le Pentagone ont publiquement désigné comme la principale menace à l’hégémonie mondiale des États-Unis.

Biden et Xi se sont rencontrés en marge de la réunion annuelle de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à San Francisco. Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de leurs quatre heures d’entretien, Biden a déclaré que Xi et lui avaient convenu que les contacts militaires reprendraient entre les deux pays afin d’éviter les «accidents» et les «malentendus».

Mais Biden est revenu sur les propos qu’il avait tenus en juin, qualifiant Xi de «dictateur». Ces remarques, en elles-mêmes, soulignent le risque croissant de guerre.

Selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, Xi a confirmé la volonté de la Chine de reprendre les pourparlers militaires, mais il a averti Biden qu’il fallait «cesser d’armer Taïwan». Il a encore déclaré que les sanctions américaines en matière de commerce et d’investissement nuisaient gravement au développement économique de la Chine.

À l’approche de la première rencontre entre les deux dirigeants depuis un an, le gouvernement Biden a multiplié les menaces, les exigences, les ultimatums, les provocations et les mesures commerciales et technologiques hostiles à la Chine.

Ces mesures montrent la volonté croissante des États-Unis de couper l’accès de la Chine au développement industriel de haute technologie et, dès que possible, de mettre fin à son monopole quasi mondial sur le traitement de nombreux minerais essentiels, cruciaux pour la production de guerre.

À des fins de relations publiques, le sommet a été organisé sous le faux drapeau de l’évitement d’un conflit cataclysmique. Dans leurs discours d’ouverture, Biden et Xi ont tous deux mis en garde contre le danger d’une guerre désastreuse.

Xi a lancé ce qui s’apparente à un plaidoyer: «Pour deux grands pays comme la Chine et les États-Unis, tourner le dos à l’autre n’est pas une option. Il est irréaliste qu’une partie remodèle l'autre, et le conflit et la confrontation ont des conséquences intolérables pour les deux parties».

Biden a déclaré: «Nous devons veiller à ce que la concurrence ne dégénère pas en conflit… C’est ce que veulent les États-Unis et ce que nous avons l’intention de faire… Je crois aussi que c’est ce que le monde veut pour nous deux ».

L’opposition massive de l’opinion publique américaine à ce qui serait presque certainement une guerre nucléaire avec la Chine n’est pas le moindre élément à prendre en compte dans les calculs de Biden. Selon un sondage d’opinion américain réalisé en septembre, seuls 13 pour cent des personnes interrogées souhaitent une approche agressive de la Chine et 5 pour cent seulement une approche de confrontation.

Les grandes marches organisées à travers les États-Unis contre les crimes de guerre israéliens à Gaza, soutenus par les États-Unis, indiquent que ces sentiments anti-guerre se sont renforcés en réponse à l’horreur infligée aux Palestiniens.

Il est donc politiquement essentiel pour la classe dirigeante américaine d’aiguillonner Pékin pour ensuite l’accuser de tout conflit, comme elle l’a fait avec la Russie à propos de l’Ukraine. Et comme l’impérialisme américain l’a fait dans toutes ses guerres depuis qu’il a envahi les Philippines en 1898, y compris en interrompant l’approvisionnement en pétrole du Japon en prélude à la Seconde Guerre mondiale.

Loin de “ne pas s’engager dans un conflit”, la classe dirigeante américaine a intensifié son agression de la Chine au cours de l’année écoulée, depuis la dernière rencontre entre Biden et Xi lors d’un sommet du G7 à Bali, en Indonésie. En fait, une guerre est déjà en cours.

. Cette année, les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour étrangler l’économie chinoise, en plus de maintenir les droits de douane punitifs sur les exportations chinoises, d’une valeur de 370 milliards de dollars par an, infligés par l’administration Trump. Le gouvernement Biden a imposé de nouvelles limites à l’investissement en Chine et renforcé les restrictions à l’exportation de semi-conducteurs modernes et d’autres technologies d’intelligence artificielle (IA) et de haute technologie, essentielles à la vie économique et sociale de base, ainsi qu’à la production militaire. Au cours des trois premiers mois de 2023, les importations de puces de la Chine ont ainsi diminué de 23 pour cent par rapport à la même période de l’année précédente. De manière provocatrice, les dernières restrictions, qui menacent également d’autres pays fournisseurs de puces à la Chine, sont entrées en vigueur hier, un jour après le sommet.

. Quelques jours avant la rencontre Biden-Xi, les États-Unis ont dévoilé de nouveaux partenariats militaires avec la Corée du Sud et l’Indonésie. Ces partenariats les rapprochent de l’environnement stratégique de la Chine et s’ajoutent aux récents pactes américains avec les Philippines, le Japon, l’Inde et l’Australie, dans le cadre de l’alliance quadripartite et de l’alliance AUKUS notamment.

. Les États-Unis arment Taïwan jusqu’aux dents, bouleversant ainsi la politique d’une seule Chine, en vigueur depuis cinq décennies, qui reconnaissait le gouvernement chinois comme la seule autorité en Chine, y compris à Taïwan. Biden a récemment approuvé l’octroi d’une subvention de 80 millions de dollars au régime taïwanais pour l’achat d’équipements militaires américains, malgré les fortes objections de la Chine. Taïwan a déjà commandé pour plus de 14 milliards de dollars d’équipements militaires américains, mais cette dernière subvention est différente. Il ne s’agit pas d’un prêt, ce qui crée un précédent agressif. Pour la première fois, un gouvernement américain utilise ses propres fonds pour envoyer des armes à un endroit qu’il ne reconnaît pas officiellement. En juillet, Joe Biden avait fait usage de son pouvoir discrétionnaire pour approuver la vente de services et d’équipements militaires d’une valeur de 500 millions de dollars à Taïwan, et ces subventions pourraient atteindre 10 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Taïwan s’apprête également à envoyer deux bataillons de troupes terrestres aux États-Unis pour y suivre une formation, ce qui ne s’était pas produit depuis les années 1970.

. Alors que les États-Unis déversent des armes en Ukraine pour combattre la Russie et en Israël pour préparer une guerre plus large pour le contrôle d’un Moyen-Orient stratégique et riche en ressources, le gouvernement Biden a averti Pékin de ne pas fournir d’armes à la Russie et de veiller à ce que l’Iran ne prenne aucune mesure pour s’opposer au massacre de Gaza.

. Joe Biden a lancé de nouvelles accusations d’«ingérence» chinoise dans les élections américaines et de monopolisation délibérée par Pékin du traitement mondial des minéraux stratégiques, tels que le graphite et le lithium, qui sont essentiels à l’électrification et à la guerre. Ces deux accusations pourraient servir de prétexte pour déclencher une action militaire contre la Chine.

. Afin de dépeindre la Chine comme «coercitive» et «intimidante», un récent rapport du Pentagone fait état d’un nombre croissant d’interceptions dangereuses de navires et d’avions américains, alliés et partenaires dans la région Inde-pacifique. La plupart de ces incidents se sont sans aucun doute produits dans l’espace aérien et les eaux stratégiquement sensibles proches de la Chine continentale, où les États-Unis ont intensifié leur présence militaire et leurs opérations militaires provocatrices de «liberté de navigation» au cours de la dernière décennie.

Lors de leur dernière rencontre à Bali, Biden et Xi avaient convenu de fixer un «plancher» pour la détérioration des relations sino-américaines. Mais les États-Unis n’ont au contraire fait qu’intensifier la confrontation. Moins de trois mois après ce sommet, les États-Unis abattaient en février des ballons aériens chinois et quelques semaines plus tard annonçaient des sanctions supplémentaires sur la technologie chinoise.

Xi et le régime capitaliste chinois sont pleinement conscients de cette volonté de guerre. Les États-Unis poursuivent «l’endiguement, l’encerclement et la répression à notre encontre», a déclaré Xi dans un discours prononcé en mars.

Pékin veut néanmoins présenter à tout prix une image absurdement brillante de la rencontre Biden-Xi. Le China Daily, le principal média officiel, a insisté sur les «signes encourageants» qui montraient que les relations entre la Chine et les États-Unis étaient en train de se «stabiliser après avoir atteint un niveau historiquement bas». Il fait la promotion des «trois principes» de Xi pour les relations Chine–États-Unis: «coexistence pacifique, respect mutuel et coopération gagnant-gagnant».

En réalité, l’impérialisme américain n’a pas la moindre intention de permettre à la Chine, deuxième économie mondiale, de «coexister» avec les États-Unis qui ont lancé, pour tenter de conserver une domination internationale obtenue à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, des guerres incessantes, depuis la Corée jusqu’à l’Ukraine, en passant par le Vietnam l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye.

Sous la pression économique et militaire croissante des États-Unis, l’économie chinoise est frappée par la crise immobilière, la chute des exportations, un taux de chômage élevé et un retrait des investissements occidentaux dirigé par les États-Unis. Au cours du trimestre de juillet à septembre, la Chine a enregistré des investissements directs étrangers négatifs — moins 11,8 milliards de dollars — pour la première fois depuis 1998.

Le voyage de Xi aux États-Unis comprenait un dîner avec des dirigeants d’entreprises américaines et mondiales, qui auraient payé jusqu’à 40.000 dollars pour une table de huit personnes. Avant le dinner, Xi s’était engagé à leur assurer des conditions profitables, les suppliant de cesser de se retirer de Chine, malgré les pressions américaines en ce sens.

Derrière le faux visage d’une prétendue stabilisation des relations avec la Chine, la rencontre Biden-Xi souligne la détermination de l’impérialisme américain à maintenir sa suprématie mondiale à tout prix. Celui-ci plonge l’humanité vers un conflit entre puissances nucléaires, tout en essayant de rendre Pékin responsable de cette catastrophe potentielle.

(Article paru d’abord en anglais le 15 novembre 2023)

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