Pour s’inscrire aux mises à jour par SMS ou pour discuter de la possibilité de rejoindre le comité de base des travailleurs de Caterpillar, envoyez CAT par SMS au (866) 847-1086.
Chers collègues,
Dimanche, l’UAW a annoncé par SMS que l’accord de principe conclu avec Caterpillar avait été ratifié. Les responsables syndicaux ont affirmé que le vote était favorable à 71,5 pour cent, mais n’ont pas divulgué les résultats réels du scrutin, que les travailleurs ont le droit de connaître.
Compte tenu de la longue histoire de corruption et de trucage des votes au sein de la bureaucratie de l’UAW, personne ne devrait prendre les résultats pour argent comptant. Mais même si l’accord a été réellement adopté, il n’en serait pas plus légitime pour autant. L’accord est le produit d’une opération antidémocratique menée par la bureaucratie de l’UAW au nom de la direction et à l’encontre des intérêts des travailleurs.
Voici comment cela s’est déroulé:
Tout d’abord, les travailleurs de CAT ont été gardés dans l’ignorance pendant des mois des détails des discussions entre l’UAW et les dirigeants de Caterpillar. Nous avons reçu de vagues «mises à jour» sur les négociations, dépourvues de tout contenu important.
En janvier, les travailleurs de Caterpillar ont clairement indiqué qu’ils voulaient se battre en votant à 98,6 pour cent l’autorisation de faire grève. Alors que l’entreprise se targue de réaliser des milliards de bénéfices chaque année, les travailleurs voulaient récupérer les concessions que la bureaucratie syndicale avait accordées depuis des décennies: des salaires nettement plus élevés après des décennies de gel et de paliers salariaux; des augmentations de salaire pour suivre l’inflation; une réduction massive des primes d’assurance maladie et des coûts directs; des congés payés suffisants pour passer du temps avec nos familles; des conditions de travail sûres et décentes; et un contrat plus court.
Mais l’équipe de négociation de l’UAW et le siège national ont ignoré tout cela. Ils n’ont même pas informé les travailleurs de ce qu’ils avaient demandé à l’entreprise. Il n’y a eu aucune transparence tout au long du processus.
La veille de l’expiration du contrat, nous étions toujours tenus dans l’ignorance. Les travailleurs faisaient de plus en plus pression en faveur d’une grève, ce à quoi l’UAW a répondu en nous ordonnant de rester en poste même si aucun contrat n’était conclu.
Puis, peu après minuit le 1er mars, ils ont annoncé qu’ils avaient conclu un accord avec Caterpillar. C’est à ce moment-là que l’appareil syndical a lancé sa campagne d’«influence des électeurs», qu’il avait manifestement préparée longtemps à l’avance.
Ils nous ont menti et induits en erreur au sujet du contrat. Ils n’ont jamais clairement expliqué aux travailleurs qu’une augmentation de salaire de 19 pour cent sur six ans, sans COLA/ajustements au coût de la vie, se traduirait par une réduction massive des salaires réels: jusqu’à 20 pour cent si l’inflation se maintient à son taux annuel actuel d’environ 6 pour cent. En 2029, les travailleurs gagneront moins qu’aujourd’hui en termes réels, ajustés à l’inflation.
Le siège de la «Maison de la solidarité» de l’UAW a ordonné aux sections locales de ne pas distribuer le contrat complet à tous les travailleurs par voie électronique, même si elles l’avaient fait chez Deere en 2021. Ils ont dit que nous pourrions voir le contrat dans les salles syndicales – sachant très bien que les gens n’auraient pas le temps d’aller à la salle syndicale pendant des heures et de s’asseoir pour lire un document juridique de plus de 100 pages. Les travailleurs ont des enfants et des rendez-vous chez le médecin. Les responsables syndicaux ont délibérément joué cette carte pour se présenter comme transparents, alors qu’en réalité, ils ont privé les travailleurs de toute possibilité d’étudier et de discuter utilement des termes du contrat et de prendre une décision en connaissance de cause.
Enfin, les travailleurs ont été menacés de graves conséquences si le contrat n’était pas ratifié. On nous a dit à plusieurs reprises que si nous votions non, nous perdrions la prime de ratification, voire que l’entreprise fermerait toutes ses usines syndiquées par l’UAW. Une autre menace était que nous serions contraints à une grève de longue durée et isolés pendant des mois, un an ou plus, sans rien d’autre pour survivre qu’un chèque de grève de 500 dollars par semaine. De nombreux travailleurs se souvenaient de la manière dont l’UAW avait trahi les grèves dans les années 1990 et n’avaient aucune envie de répéter cette expérience.
Les responsables de l’UAW ont une fois de plus tenté de présenter l’entreprise comme toute puissante et que c’était le «meilleur accord que nous pouvions obtenir». Encore des mensonges! La vérité, c’est que les travailleurs étaient dans la position la plus forte que nous ayons connue depuis des décennies, compte tenu des difficultés que CAT rencontrait déjà pour embaucher et conserver ses travailleurs. «L’un des défis que doit relever Caterpillar, du point de vue de la planification d’urgence, est l’étroitesse du marché de l’emploi et la disponibilité de travailleurs de remplacement», avait écrit un cadre d’une agence de recrutement du secteur manufacturier au début du mois de février.
Si le même type de mensonges, de fausses déclarations, de refus de divulguer les informations essentielles et de menaces auquel nous avons fait face était utilisé pour forcer la signature d’un «contrat» dans le monde des affaires, celui-ci serait considéré celui-ci comme négocié de mauvaise foi et juridiquement nul et non avenu. Mais cela est la procédure normale utilisée par la bureaucratie de l’UAW et les entreprises qu’elle représente.
Cependant, ce que les responsables de l’UAW n’avaient pas prévu, c’est que les travailleurs s’organisent pour s’opposer à leurs plans pro-patronaux.
Nous avons pris la décision de fonder le Comité de base des travailleurs de Caterpillar (CWRFC) au début de l’année parce que nous avions compris, au vu de la série de trahisons commises par la bureaucratie de l’UAW, que celle-ci ne se battrait pas pour nous et que toute véritable lutte pour les droits et les intérêts des travailleurs devrait être organisée à partir de la base.
Le comité de base de CAT a donné aux travailleurs une voix et un moyen d’échanger des informations et de communiquer entre eux, ce dont les travailleurs ont été privés pendant trop longtemps.
Contre les efforts incessants qui visent à diviser les travailleurs, nous avons lancé des appels explicites à nos frères et sœurs au-delà de l’UAW: les cols blancs, les travailleurs des usines Caterpillar non syndiquées et les membres d’autres syndicats, les travailleurs de CAT au niveau international et les travailleurs de l’ensemble des secteurs de l’automobile et de l’équipement lourd. Notre comité a reçu des déclarations de solidarité de travailleurs de l’Indiana, du Texas, du Wisconsin, de l’Ohio et d’ailleurs. Nous avons constaté que les travailleurs du monde entier font face à des formes similaires d’exploitation par les entreprises et que la classe ouvrière est largement favorable à une lutte unifiée.
Enfin, le Comité de base de Caterpillar a présenté une stratégie basée sur une perspective internationale. Comme nous l’avons expliqué dans notre déclaration fondatrice:
Nous faisons partie d’une vaste main-d’œuvre interconnectée au niveau international, une source de force immense dans la mesure où nous en tirons parti. Caterpillar possède des dizaines d’usines réparties en Amérique du Nord et du Sud, en Asie et en Europe. Ces travailleurs sont exploités et maltraités par la même entreprise. Nous devons tout faire pour nous unir à eux et coordonner nos luttes.
Notre comité, ainsi que les comités homologues du fabricant de pièces automobiles Dana, de General Motors, de Ford, de Stellantis et d’autres entreprises de l’industrie automobile, font partie d’un réseau croissant d’organisations ouvrières militantes à l’échelle mondiale, l’Alliance ouvrière internationale des comités de base.
Quoi qu’elle en pense, la déclaration de la bureaucratie de l’UAW selon laquelle le contrat a été ratifié ne règle rien. Comme le savent les travailleurs expérimentés, chaque nouveau contrat sera suivi tôt ou tard de licenciements et de réductions de personnel. L’ensemble du système économique vacille comme un château de cartes, comme le montre la récente faillite de la Silicon Valley Bank.
La direction de Caterpillar et les puissants intérêts corporatifs et financiers qui la soutiennent chercheront à faire payer aux travailleurs le coût de toute nouvelle détérioration de la situation économique, que ce soit par des licenciements, des accélérations de la cadence, des conditions de travail encore plus mauvaises, ou une combinaison de tout cela. Et nous ne savons toujours pas quelles concessions pourraient figurer dans le contrat complet, qui doit être distribué à tous les travailleurs.
Chers collègues, le vote de ce week-end ne marque pas la fin de la lutte, mais seulement son début. Quelle que soit la manière dont vous avez voté sur le contrat, nous tendons une main ouverte en signe de solidarité à tous nos collègues. Tout le monde pense qu’une lutte pour garantir et défendre les intérêts des travailleurs doit être organisée dans chaque usine, chaque entrepôt et chaque site de travail.
Le comité de base de Caterpillar a jeté les bases. On doit maintenant le construire et l’élargir pour que les travailleurs puissent s’imposer dans les luttes à venir. Si vous êtes d’accord, contactez notre comité pour discuter de votre participation. Partagez cette déclaration avec vos collègues. Discutez de ce qui s’est passé et de ce qu’il faut faire maintenant.
Le pouvoir à la base!
(Article paru en anglais le 14 mars 2023)