Le discours suivant a été prononcé par Ulrich Rippert, président honoraire du Parti de l'égalité socialiste et candidat aux élections régionales de Berlin, lors du rassemblement du SGP contre la guerre en Ukraine le 4 février sur la Potsdamer Platz à Berlin.
Chers amis,
Le rassemblement d'aujourd'hui fait comprendre une chose très clairement: il y a un parti qui s'oppose constamment à la conspiration de guerre dans l'establishment politique et médiatique. Il y a un parti qui ne s'adapte pas et qui ne se laisse pas intimider. Il y a un parti qui a une réponse claire au danger d'une troisième guerre mondiale et d'une catastrophe nucléaire: la mobilisation de la classe ouvrière sur la base d'un programme socialiste international. C'est notre parti – le SGP.
Les orateurs qui m'ont précédé ont déjà montré comment le gouvernement allemand utilise la guerre en Ukraine comme excuse pour procéder au plus grand réarmement militaire depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Ukraine est inondée d'armes à la pointe de la technologie - les chars d’assaut seront bientôt suivis par des avions de chasse et des troupes au sol. Il n'est pas exagéré de dire que le danger d'une troisième guerre mondiale n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui.
Mais le mouvement d’opposition se développe également. Des millions de personnes dans le monde suivent les nouvelles de la guerre avec une grande inquiétude et une indignation croissante. Beaucoup de gens se demandent: les responsables de la politique et des médias sont-ils devenus fous? Ont-ils oublié comment c'était ici après la Seconde Guerre mondiale? Beaucoup savent que la Seconde Guerre mondiale s'est terminée avec l’utilisation d’armes nucléaires, mais la Troisième Guerre mondiale commencera avec des armes nucléaires.
De nombreux travailleurs voient le lien direct entre le réarmement militaire insensé et l'inflation, les réductions constantes des dépenses sociales, les réductions des retraites, les réductions des salaires réels et les licenciements collectifs. La résistance à cela ne cesse d'augmenter.
Cliquez sur lecture pour regarder le discours d'Ulrich Rippert (sous-titres en anglais), ainsi que d'autres intervenants du SGP.
En France, des grèves et des manifestations de masse ont eu lieu plus tôt cette semaine contre les réductions dans les retraites du gouvernement, auxquelles des millions de personnes ont participé. Les cheminots et les travailleurs des entreprises de transport, des sociétés énergétiques, des raffineries et du secteur public ont débrayé. Les grèves et les manifestations étaient plus importantes et plus étendues qu'il y a deux semaines et sont explicitement dirigées contre le gouvernement Macron et sa politique de guerre.
Au Royaume-Uni, un demi-million d'enseignants et de travailleurs des transports ont participé mercredi à une grève nationale. Depuis des semaines, les infirmières sont en grève. De plus, il y a eu des semaines de grèves des cheminots, des dockers, des travailleurs des télécommunications et des postiers. Il y a un mouvement de grève générale contre le gouvernement, qui veut faire appliquer une loi anti-grève.
Un mouvement de grève de masse se développe en Belgique et en Finlande. En Israël, des centaines de milliers de personnes manifestent contre le gouvernement d'extrême droite de Netanyahu. Aux États-Unis – où la corruption des syndicats pue encore plus fort qu'ici – le socialiste Will Lehman a contesté la direction du syndicat des travailleurs de l'automobile dans l’élection et a reçu plusieurs milliers de voix.
Ici aussi en Allemagne, des dizaines de grèves d'avertissement et d'actions de protestation ont lieu contre les licenciements, les fermetures d'usines et les réductions de salaires. En outre, il y a eu des grèves dans les hôpitaux et les établissements de soins, les entreprises de transport, les compagnies aériennes et chez les travailleurs portuaires.
La négociation collective à la poste et dans la fonction publique a commencé. Pendant la campagne électorale, nous avons parlé avec les travailleurs de la Berliner Stadtreinigung (collecte et recyclage des ordures). La direction de l'entreprise y tente - comme partout - d'obtenir de véritables baisses de salaire, alors que dans le même temps le PDG de BSR a perçu 426.000 € de salaire et de primes l'avant-dernière année, soit près de deux fois plus que l'année précédente.
L'enrichissement effréné des riches est l'un des moteurs essentiels de la guerre.
Mais les travailleurs qui se lancent dans la lutte entrent immédiatement en conflit avec les syndicats qui défendent le capitalisme. Les syndicats font tout ce qu'ils peuvent pour contrôler la résistance croissante des travailleurs, les isoler et les transformer en actions de protestation individuelles vaines.
La DGB (Fédération des syndicats allemands) a conclu un pacte avec le gouvernement, qu'elle appelle l'Action concertée. Avec ses syndicats affiliés, la DGB soutient la politique de guerre du gouvernement.
Pour développer la lutte contre la guerre et l'austérité, il faut briser le carcan des syndicats et développer une large mobilisation de la classe ouvrière. La classe ouvrière a besoin de son propre parti. C'est le Parti de l'égalité socialiste.
La force de notre parti est la tradition historique qu'il représente. Ici, dans ce pays, se trouvait autrefois le berceau du mouvement socialiste. Ici, les idées de Marx et Engels ont trouvé une grande résonance. Ici, les discours et les actions de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht ont inspiré et mobilisé des millions de travailleurs.
Et ici, la lutte de Léon Trotsky – qui a combattu Staline et la terreur stalinienne après la mort de Lénine – a pris de profondes racines. C'est Trotsky qui a prouvé que la classe ouvrière a besoin d'une chose avant tout dans la lutte contre le fascisme et la guerre: un parti qui a un programme socialiste clair et poursuit une stratégie internationale.
Nous sommes dans cette tradition, nous sommes trotskystes! Et c'est très important, surtout ici à Berlin. Il y a quelques jours a eu lieu le 90e anniversaire de l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Trotsky a démontré à l'époque qu'Hitler ne pouvait arriver au pouvoir que parce que la classe ouvrière avait été trahie par ses partis. Le SPD d'une part et le KPD stalinien d'autre part ont empêché toute lutte sérieuse contre les nazis. C’est cette trahison des partis ouvriers et des syndicats qui a ouvert l'ascension d'Hitler au pouvoir.
Les conséquences sont connues: 70 millions de morts par la guerre et l'extermination industrielle de 6 millions de Juifs dans l'Holocauste. Vous ne pouvez pas faire un pas ici à Berlin dans certains quartiers sans rencontrer les Stolpersteine (mémoriaux de la taille d'un pavé) qui vous rappellent l'extermination des Juifs. Et alors vous lisez « Esther Goldstein – 17 ans – gazée à Auschwitz ». Et vous pensez : Oui, elle pourrait encore être en vie. Seul un très court laps de temps s'est écoulé dans l’entre-deux.
C'est pourquoi nous soulignons: il ne faut pas permettre - et nous ne permettrons pas - à la même classe dirigeante en Allemagne, qui est responsable des plus grands crimes de l'histoire de l'humanité, de compter à nouveau sur la guerre, d'utiliser la guerre d'Ukraine pour un réarmement militaire insensé et déployer à nouveau des chars contre la Russie.
Nous disons : deux guerres mondiales, ça suffit – plus jamais cela!
La force de notre parti et notre confiance viennent du fait que nous avons retenu les leçons de l'histoire. Lors des rassemblements électoraux à Marzahn et Hellersdorf – à Berlin-Est, l'ancienne capitale de la RDA (Allemagne de l'Est) – de nombreuses questions d'histoire se sont posées. Nous avons discuté pourquoi il est si important de comprendre la différence entre le socialisme et le stalinisme.
C'est la force du mouvement trotskyste - la Quatrième Internationale. Nous avons montré que le stalinisme n'est pas né de la révolution russe, mais contre elle. Et que tous les dirigeants socialistes ont été assassinés par Staline. Nous avons lutté sans relâche contre le mensonge du siècle, qui veut que socialisme égale stalinisme, et contre les crimes du stalinisme qui sont utilisés pour attiser les sentiments anticommunistes.
Aujourd'hui, ces questions sont de la plus haute importance. Le socialisme n'est pas le passé, mais l'avenir.
Si nous sommes élus à la Chambre des représentants, nous poursuivrons le combat de Karl Liebknecht, qui soulignait pendant la Première Guerre mondiale: l'ennemi principal est chez nous! Aujourd'hui aussi, une troisième guerre mondiale ne peut être évitée qu'en construisant un nouveau parti socialiste de masse qui unit la classe ouvrière au niveau international et élimine une fois pour toutes les maux capitalistes.
Enfin, permettez-moi de dire quelque chose que j'ai dit dans de nombreuses discussions au cours des derniers jours: de nombreuses personnes sont outrées et en colère. Et il y a en effet de nombreuses raisons de s'énerver face au bellicisme totalement irresponsable, au réarmement militaire, au renforcement de la droite et à la politique criminelle du COVID.
Mais cela ne suffit pas. Il ne suffit pas de s'indigner de l'irresponsabilité des autres et de les dénoncer. Il faut comprendre et assumer sa propre responsabilité politique. L'avenir ne se décide pas à la Chancellerie ni à la Mairie rouge [de Berlin]. L'avenir dépend de ce que vous faites aujourd'hui. Il faut agir maintenant!
Faites de la dernière semaine de campagne une offensive forte!
Étudiez notre appel électoral et le programme du SGP et devenez membre de notre parti!
Distribuez et discutez de notre manifeste électoral avec vos amis, collègues et connaissances!
Votez pour le SGP le 12 février et faites de l'élection de Berlin le prélude à une rébellion contre les politiques de guerre et d'austérité!
(Article paru en anglais le 11 février 2023)