Le Sozialistische Gleichheitspartei (SGP – Parti de l’égalité socialiste) condamne fermement la livraison de chars d’assaut allemands Marder et de systèmes de missiles Patriot à l’Ukraine. Quatre-vingt-deux ans après le début de la guerre d’extermination allemande contre l’Union soviétique, on lance à nouveau des chars allemands contre la Russie. Le gouvernement allemand prend ainsi le risque d’une guerre mondiale nucléaire.
Ce déploiement d’armes a été préparé en coulisses avec les États-Unis et la France, qui envoient eux aussi des chars. Il représente une escalade massive de la guerre par procuration que l’OTAN mène contre la Russie en Ukraine. Les principaux représentants du gouvernement allemand et de l’OTAN déclarent ouvertement que leur objectif est la défaite militaire totale de la Russie.
«Jusqu’à la victoire, jusqu’au retour de la paix en Europe, notre soutien à l’Ukraine ne diminuera pas», a déclaré le 4 janvier le président français Macron. Le chancelier allemand Scholz et le président américain Biden ont publié le 5 janvier un communiqué de presse déclarant «leur détermination commune à fournir à l’Ukraine le soutien financier, humanitaire, militaire et diplomatique nécessaire aussi longtemps qu’il le faudra».
Fin décembre, le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck (Parti des Verts) a proclamé sur un ton martial: «Poutine est en train de perdre cette guerre sur le champ de bataille».
Les puissances impérialistes – surtout l’Allemagne – ne veulent pas la paix, mais la guerre. Elles ont délibérément provoqué l’invasion réactionnaire du régime de Poutine. Elles bloquent toute solution pacifique et intensifient impitoyablement la guerre.
Même le cessez-le-feu de 36 heures annoncé par le président russe pendant les vacances du Noël orthodoxe est dénoncé: «Un soi-disant cessez-le-feu» n’apportait «ni liberté ni sécurité à la population qui vit dans la peur quotidienne sous l’occupation russe», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères Baerbock (Verts), ajoutant, «c’est pourquoi nous continuerons à soutenir les Ukrainiens».
La livraison des chars Marder n’est que le prélude à la livraison de chars de combat lourds. «Le Marder arrive – et les appels [à livrer] le [char] Leopard s’intensifient», écrit Der Spiegel. Le magazine d’information ne cache pas que ces chars servent à préparer une offensive militaire à grande échelle de l’armée ukrainienne contre les forces russes.
Il déclare: «Les Bradley et les Marder sont considérés comme des véhicules à chenilles particulièrement maniables et résistants, qui fournissent une protection contre le feu aux troupes qui avancent. L’Ukraine a demandé maintes fois les deux modèles de véhicules de combat d’infanterie, mais pas seulement ceux-ci. Le Leopard 2 figure en bonne place sur la liste des souhaits de Kiev. Les Ukrainiens aimeraient utiliser ce char de combat pour reprendre le territoire occupé par la Russie».
Parmi les principaux bellicistes du gouvernement et de l’opposition c’est déjà à qui demandera le plus de chars de combat et l’engagement allemand le plus complet. «Nous devons maintenant immédiatement former les soldats ukrainiens au Marder et au Leopard, car après le Marder vient le Leopard», a déclaré la présidente de la commission parlementaire de la défense, Marie-Agnes Strack-Zimmermann, du parti libéral (FDP).
Les Verts sont particulièrement agressifs. L’Ukraine devait être soutenue «avec tout ce dont elle a besoin sur le champ de bataille», a déclaré Anton Hofreiter, président de la commission des affaires européennes du Bundestag, à la chaîne ARD. Il aimerait «que nous, en tant que principal pays fabricant du Leopard 2, lancions une initiative européenne pour la livraison de Leopard 2 et que nous examinions avec l’Europe tout ce que nous pouvons fournir à l’Ukraine pour qu’elle puisse libérer les territoires occupés» a-t-il ajouté.
Il a ensuite affirmé: «Plus nous soutiendrons l’Ukraine et plus nous signalerons clairement à Poutine que nous ne relâcherons pas ce soutien, plus seront élevées les chances que cette guerre prenne fin».
Cette affirmation, propagée par tous les partis, faisait déjà partie de la propagande du militarisme allemand pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale. Les cercles dirigeants de l’Empire allemand et ceux du régime nazi justifiaient eux aussi la mobilisation de la machine de guerre allemande par l’affirmation cynique qu’ils voulaient une paix victorieuse rapide ou une «victoire finale». En réalité, ils ont par là intensifié et brutalisé la guerre, et sacrifié de plus en plus de vies humaines aux intérêts prédateurs de l’impérialisme allemand.
C’est aussi de cela qu’il s’agit aujourd’hui. Personne ne devrait se faire d’illusions. La classe dirigeante ne s’arrêtera pas à la frontière russe. Et malgré ses crimes historiques, elle n’hésitera pas non plus à mener à nouveau des soldats allemands au massacre pour des guerres de conquête impérialistes.
Les discours officiels sur les droits de l’homme et la démocratie ne sont qu’une couverture pour le retour du militarisme agressif allemand. Depuis la réunification, la classe dirigeante s’efforce systématiquement d’organiser l’Europe sous la direction de l’Allemagne afin de faire avancer ses intérêts géostratégiques et économiques dans le monde entier. La première mission de combat de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, en Yougoslavie, fut suivie d’opérations de guerre en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Afrique.
Aujourd’hui, elle utilise l’invasion réactionnaire de l’Ukraine par la Russie comme prétexte pour lancer le plus grand réarmement depuis Hitler et pour frapper à nouveau la Russie. L’impérialisme allemand ne se préoccupe pas seulement de ses intérêts géostratégiques et des vastes réserves de matières premières de la Russie, il est également animé par le désir de se venger de ses défaites dans les guerres du XXe siècle.
Le gouvernement allemand intensifie la guerre en sachant parfaitement qu’elle peut conduire à une catastrophe nucléaire. Scholz avait encore déclaré en avril auSpiegel,lorsqu’on l’a interrogé sur la fourniture d’«armes lourdes», qu’il fallait tout faire «pour éviter une confrontation militaire directe entre l’OTAN et une superpuissance fortement armée comme la Russie, une puissance nucléaire». L’essentiel, selon lui, était «d’empêcher une escalade qui conduirait à une troisième guerre mondiale».
Depuis, Scholz et son gouvernement de coalition «tricolore» [sociaux-démocrates (SPD), Verts et libéraux (FDP)] – ont continué à alimenter le conflit, inondant d’armes une armée ukrainienne où grouillent les forces fascistes. Aujourd’hui, avec la livraison de chars d’assaut, tombent les derniers complexes.
Il y a derrière ce bellicisme des forces motrices objectives. Comme dans les années 1930, la classe dirigeante répond à la crise profonde du capitalisme et à la résistance croissante à celle-ci en se tournant vers le militarisme, le fascisme et la guerre mondiale.
Cette dangereuse évolution doit être stoppée avant que les classes dirigeantes ne plongent à nouveau le monde dans l’abîme.
Le Sozialistische Gleichheitspartei s’oppose à cette politique criminelle. Nous faisons de l’élection du Land de Berlin un référendum contre cette politique de guerre haïe et mobilisons la seule force sociale capable d’empêcher une autre guerre mondiale – la classe ouvrière internationale. Avec nos partis frères de la Quatrième Internationale, nous construisons un mouvement socialiste mondial contre la guerre et contre sa cause, le capitalisme. La guerre ne peut être stoppée qu’en brisant le pouvoir des banques et des trusts et en les mettant sous contrôle démocratique.
- Halte à la guerre de l’OTAN en Ukraine! Arrêtez les sanctions et les livraisons d’armes!
- Deux guerres mondiales, ça suffit! Stoppez les bellicistes!
- 100 milliards d’euros pour les crèches, les écoles et les hôpitaux pas pour les armes et la guerre!
(Article paru d’abord en anglais le 9 janvier2023)