Lundi, près de 500 personnes, dont des membres de la famille et d'autres proches, ainsi que des amis, des voisins et des membres et sympathisants du Parti de l'égalité socialiste (SEP) ont assisté aux funérailles de Sarath Kumara, membre de longue date du SEP. La cérémonie a eu lieu chez lui dans le village de Horagoda, dans le sud du Sri Lanka, à environ 170 kilomètres de Colombo.

Selon le testament de Sarath et à la demande de sa veuve Nilmini, les funérailles ont été organisées par le SEP. La cérémonie non religieuse, qui s'est déroulée conformément aux traditions trotskystes, a été une expérience unique pour les habitants du village reculé.

Des milliers de personnes se sont rendues au domicile de Sarath pour rendre un dernier hommage au combattant trotskyste décédé dans un hôpital près de la zone industrielle d'Al Jubar en Arabie saoudite le 21 décembre, après une brève maladie. Son corps a été gardé à son domicile pendant quatre jours, après avoir été ramené au Sri Lanka vendredi.

Sarath a rejoint la Ligue communiste révolutionnaire (RCL), le précurseur du SEP, en 1991, alors qu'il était employé au Kamkaru Usine Sevana (foyer d’accueil d’ouvriers), une organisation non gouvernementale à Ratmalana, à la périphérie de Colombo. Il est resté un combattant courageux et dévoué de la classe ouvrière pour la perspective de l'internationalisme socialiste jusqu'à sa mort à l'âge de 57 ans.

La femme de Sarath et ses deux fils vivent dans une maison du projet Bhagyagama à Horagoda , à environ 17 kilomètres de Matara, une grande ville de la province méridionale du Sri Lanka. Horagoda, une zone agricole, dépendait auparavant de la culture du riz, du caoutchouc, de la cannelle et du thé.

Les politiques régressives des gouvernements sri-lankais successifs envers la paysannerie ont forcé les jeunes générations à s'éloigner de l'agriculture. Aujourd'hui, de nombreux résidents sont employés comme maçons, charpentiers et autres artisans, d'autres travaillant dans des emplois gouvernementaux, y compris l'enseignement.

De nombreux travailleurs et pauvres du village de Horagoda ont rejoint leurs homologues de toute l'île lors du soulèvement populaire de quatre mois qui débuta en avril dernier contre l'ancien gouvernement Rajapakse. Il n'y a que deux ou trois bus par jour pour se rendre à Matara depuis Horagoda avec l’arrêt le plus proche à l'hôpital du district d'Akurassa, à 12 kilomètres, ou à l'hôpital de Matara Base.

Les membres du SEP et de l'International Youth and Students for Social Equality, IYSSE (Jeunes et Etudiants internationaux pour l’égalité sociale) se sont rendus à la maison funéraire le week-end et le lundi. Ils ont distribué des copies de la nécrologie de Sarath (article en anglais)publiée sur le World Socialist Web Site aux centaines de personnes venues rendre un dernier hommage. Beaucoup s’exprimaient sur Sarath les larmes aux yeux.

Sugath Kumara, le voisin le plus proche de Sarath, a déclaré : «Il est venu de Moratuwa [à la périphérie de Colombo], s'est installé ici et a conquis le cœur de tous les habitants du village en très peu de temps. C'était une personne très sympathique avec les plus hautes qualités humaines. Nous savons qu'il était impliqué dans la politique trotskyste. Notre village fait partie de la circonscription parlementaire d'Akuressa, qui était représenté par le Dr SA Wickremasinghe, le dirigeant fondateur du Parti communiste (PC) [stalinien].

«Sarath a expliqué la différence entre son parti et le parti du Dr Wickremasinghe. Nous n'avons pas compris tout ce qu'il a dit mais une chose était claire, il a dit que le SEP ne soutiendrait jamais les partis capitalistes. Il nous a dit que tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont les conséquences de la trahison du PC et du parti Lanka Sama Samaja qui ont rejoint une coalition avec le parti capitaliste Sri Lanka Freedom Party de Madame Bandaranayake en 1964», a-t-il déclaré.

Un autre voisin a expliqué que Sarath était une personne très altruiste: «Si quelqu'un avait des problèmes financiers, c'était Sarath qui l'aidait. Parfois, il donnait de l'argent en mettant en gage son collier en or et quand il venait de l'étranger, il rentrait toujours avec des cadeaux pour les enfants du quartier. Sarath était une véritable bibliothèque, qui nous a apporté des connaissances et un artiste doté de compétences musicales complètes, notamment en jouant des claviers et du tabla. Nous nous sommes demandés comment il avait pu acquérir autant de connaissances et d'humanité. Mais quand nous avons lu la nécrologie de Sarath, nous avons réalisé que ses qualités et ses connaissances venaient du parti.»

Les funérailles ont été diffusées en direct sur la page Facebook du SEP et ont jusqu'à présent été regardées par plus de 1.500 personnes. De nombreuses personnes, dont des membres du SEP, ont commenté la cérémonie, ajoutant des messages de condoléances et des saluts révolutionnaires.

Pani Wijesiriwardena, membre du comité politique du SEP, a présidé la réunion, rappelant aux personnes présentes les qualités révolutionnaires de Sarath en tant que combattant trotskyste. «Après avoir rejoint le parti, il s'est battu sans relâche pour les perspectives de la révolution socialiste mondiale jusqu'à sa mort», a déclaré Wijesiriwardena.

«Parmi les voisins, c'était un travailleur populaire et intelligent, et un homme serviable. Où a-t-il obtenu ces qualités humaines? C'est parce qu'il a été membre du RCL/SEP dès son plus jeune âge et qu'il s'est battu pour défendre les droits des travailleurs sur son lieu de travail et dans d'autres régions. Il était membre d'un mouvement qui lutte pour l'émancipation de la classe ouvrière et des masses opprimées», a déclaré Wijesiriwardena.

Le secrétaire adjoint du SEP, Saman Gunadasa, a déclaré que Sarath – contrairement à ceux qui parlent de «changement de système» mais qui promeuvent sa réforme – a consacré sa vie à la lutte pour le renversement du système capitaliste. L'orateur a rappelé à l'auditoire comment Sarath, avec son ami et camarade du RCL/SEP Chrisantha Jayasinghe, s'est battu pour les droits de leurs collègues contre les patrons et les bureaucraties syndicales alors qu'ils travaillaient à l’usine de Kamkaru Sevana et à la société Elastomeric Tools and Dies.

Gunadasa a déclaré que le monde avait aujourd'hui besoin de beaucoup plus de Sarath pour lutter pour la mobilisation de la classe ouvrière pour renverser le capitalisme, en ajoutant: «Sarath nous a quittés, mais nous continuerons son combat à travers les leçons politiques de sa vie.»

Chrisantha Jayasinghe, membre du SEP, a pris la parole lors de l'événement, rappelant sa première rencontre avec Sarath en 1987 à Kamkaru Sévana. «En travaillant étroitement avec lui, j'ai été témoin de sa détermination à lutter pour l'émancipation de la classe ouvrière et que cela était au plus profond de son âme. Cela nous a rapprochés», a-t-il dit.

Se référant à la chasse aux sorcières politique lancée contre eux par la société Kamkaru Sevana en raison de leur travail politique en tant que militants de la RCL, Jayasinghe a déclaré: «Il [ Sarath ] a combattu ces attaques comme un géant. Il n'a jamais changé de position.»

S'exprimant au nom de l'IYSSE, Sakuntha Hirimutugoda a déclaré : «Beaucoup de gens disent que les travailleurs ne peuvent pas jouer un rôle critique en politique, mais la vie du camarade Sarath Kumara a démontré la capacité de la classe ouvrière à s'élever à des niveaux plus élevés lorsqu'elle se bat pour une politique révolutionnaire.»

La vie révolutionnaire de Sarath, a déclaré Hirimutugoda, fournit des leçons essentielles aux jeunes sur la façon de se battre pour leurs droits et il a exhorté les participants à étudier sa lutte de toute une vie et à rejoindre le SEP/IYSSE.

Le secrétaire général du SEP, Deepal Jayasekara, a clôturé l’hommage en déclarant que si la femme et les deux fils de Sarath avaient perdu un mari et un père dévoué, «nous, le SEP, avons perdu un combattant révolutionnaire dévoué».

Jayasekera a expliqué que Sarath a rejoint le parti alors que ce dernier était dans une lutte pour unir les travailleurs au-delà des identités cinghalaises, tamoules et musulmanes contre la guerre communautariste anti-tamoul du gouvernement du Parti national uni et contre le programme séparatiste des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). La RCL, a-t-il dit, se battait également pour mobiliser la classe ouvrière contre la répression sanglante de l'État contre la jeunesse rurale dans le sud.

«Le camarade Sarath a été attiré par la RCL en raison du combat de principe de notre mouvement», a déclaré Jayasekera. «Lorsqu'il luttait contre les chasses aux sorcières déclenchées par les patrons, il croyait en la force des travailleurs en tant que classe, non seulement au Sri Lanka mais dans le monde entier.»

«La période dans laquelle nous sommes maintenant entrés justifie puissamment les principes socialistes révolutionnaires pour lesquels Sarath s'est battu», a déclaré Jayasekera. Il a encouragé vivement les personnes présentes à étudier le programme et la perspective du SEP et à rejoindre le parti, ceci étant la meilleure manière de rendre hommage à Sarath.

M. Jayasekera s'est adressé à l'assemblée au nom des proches de Sarath. Il a dit que le rassemblement présentait une «culture différente». C'était la première fois que les villageois locaux assistaient à des funérailles sans coutumes religieuses et conformes aux traditions du parti politique de Sarath. L'hommage rendu à Sarath par ses camarades, a-t-il dit, a fourni aux villageois d'importantes leçons politiques.

Wijesiriwardena a conclu la réunion en remerciant la veuve de Sarath, Nilmini, ses deux fils et tous les autres parents et villageois pour leur aide dans l'organisation des funérailles dans la tradition du mouvement trotskyste.

Après le rassemblement, le cercueil de Sarath a été transporté par des membres du SEP jusqu'à une tombe dans le jardin de sa maison et enterré avec l'aide de parents et de villageois pendant que l' Internationale était diffusée via le système de sonorisation de l'allocution publique.

(Article paru en anglais le 5 janvier 2023)