Le sommet COP27 ne fait rien pour lutter contre le changement climatique

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) de cette année s’est achevée. Les grandes puissances capitalistes, les banques et les entreprises du monde entier qui se sont réunies à Charm al-Cheikh, en Égypte, se sont à nouveau engagées à ne rien faire, ou presque, pour arrêter et inverser la crise climatique en cours.

L’accord rédigé par les délégués présente de nombreuses similitudes avec celui conclu à Glasgow, en Écosse, l’année dernière. Les besoins les plus pressants – mettre fin à l’utilisation des combustibles fossiles et arrêter l’émission de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre, dans l’atmosphère terrestre – ont été relégués à un appel à une réduction limitée des centrales électriques au charbon et à «l’élimination progressive… des subventions inefficaces aux combustibles fossiles», une phrase qui peut être interprétée de nombreuses façons et qui est donc pratiquement dénuée de sens.

Même ceux qui avaient auparavant joué un rôle majeur dans l’élaboration d’accords non contraignants ont été contraints de commenter négativement les résultats de la COP27. Laurence Tubiana, qui a été l’un des principaux architectes des Accords de Paris de 2015, loués mais finalement sans influence. Elle a noté: «L’influence de l’industrie des combustibles fossiles s’est retrouvée dans tous les domaines». Elle poursuit: «La présidence égyptienne a produit un texte qui protège clairement les pétro-États et l’industrie des combustibles fossiles».

De gauche à droite: l’envoyé spécial du président américain pour le climat John Kerry, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, le président français, Emmanuel Macron, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et le chancelier allemand, Olaf Scholz, applaudissent en marge du sommet sur le climat COP27 à Charm al-Cheikh, en Égypte, le lundi 7 novembre 2022 [AP Photo/Ludovic Marin] [AP Photo/Ludovic Marin]

On ne peut qu’imaginer ce que donnera la COP28 de l’année prochaine, qui se tiendra aux Émirats arabes unis, dont on estime qu’ils possèdent 10 pour cent des réserves mondiales de pétrole, 20 pour cent des réserves mondiales de gaz naturel et où les exportations de pétrole représentent 30 pour cent du produit intérieur brut du pays.

Même l’appel à limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels a presque été abandonné. Cette limite est largement considérée par les climatologues comme le «point de non-retour» en ce qui concerne l’impact du changement climatique au-delà duquel les dommages causés par les conditions météorologiques extrêmes, la montée des océans, la destruction des habitats et la myriade d’autres dangers deviennent qualitativement plus difficiles à inverser.

On n’a maintenu l’appel qu’à la suite de ce que CNN a dû admettre comme étant une «conférence de presse soigneusement chorégraphiée» par des fonctionnaires de l’Union européenne qui ont menacé de se retirer. Le responsable du climat de l’UE, Frans Timmermans, a mené la conférence de presse, déclarant: «Nous ne voulons pas que 1,5 Celsius meure ici et aujourd’hui. Pour nous, cela est totalement inacceptable».

En réalité, les puissances européennes n’ont rien à offrir à la classe ouvrière. La conférence a été totalement éclipsée par la guerre en Ukraine entre les États-Unis et l’OTAN d’un côté et la Russie de l’autre. Les États-Unis ont fait pression pour que l’Europe, en particulier l’Allemagne, s’éloigne de sa dépendance au gaz naturel russe ces dernières années, le plus ouvertement en 2018 lorsque le président de l’époque, Donald Trump, a sanctionné l’Allemagne pour ne pas avoir fermé le gazoduc de gaz naturel Russie-Allemagne Nord Stream 2.

Cette pression s’est trouvée amplifiée par le bombardement des gazoducs Nord Stream 1 et 2 en septembre. La destruction criminelle de dizaines de milliards de dollars d’infrastructures a contraint l’Europe à devenir plus dépendante des importations de gaz naturel américain. Des documents du ministère de l’Énergie et des lobbyistes américains du gaz naturel montrent que le gouvernement et les sociétés américaines avaient déjà accéléré la mise en place des infrastructures nécessaires pour augmenter les exportations de gaz naturel liquéfié vers l’UE et que cela avait commencé depuis au moins le début de la guerre en Ukraine en février.

L’Allemagne, pour sa part, s’est tournée vers la revitalisation de son industrie du charbon. En avril, par exemple, le vice-chancelier Robert Habeck, du parti des Verts, a autorisé la destruction de la ville de Lützerath et le déplacement des habitants pour permettre à la société RWE d’exploiter 280 millions de tonnes de charbon. Habeck a justifié cette décision en déclarant: «La guerre d’agression de Poutine nous oblige à utiliser temporairement davantage de lignite afin d’économiser du gaz dans la production d’électricité. C’est douloureux, mais nécessaire».

Le point fort supposé de la COP27 a été la création d’un fonds «pertes et dommages» destiné à canaliser les fonds qui proviennent principalement des États-Unis et de l’Union européenne vers les pays les plus pauvres, déjà les plus touchés par le changement climatique. Molwyn Joseph, président de l’Alliance des petits États insulaires, a loué cette initiative comme «une victoire pour le monde entier» et une preuve de «respect» envers les petites nations.

Le nouveau fonds est, au mieux, un geste symbolique. Il se limite uniquement à la reconstruction après une catastrophe et on l’a soigneusement conçu pour ne pas rejeter la faute sur les nations qui produisent le plus de gaz à effet de serre, les États-Unis étant parmi les plus gros producteurs d’émissions. On ne sait pas non plus comment l’argent sera distribué, ni même s’il parviendra aux personnes dans le besoin.

En d’autres termes, parmi les 35.000 participants à la conférence, plus de 600 lobbyistes de l’industrie des combustibles fossiles ont participé, soit 25 pour cent de plus que l’année dernière et plus que tous les délégués des nations insulaires du Pacifique réunis. Quelles que soient les mesures prises, il ne fait aucun doute que les intérêts capitalistes les ont soigneusement examinées et ils ont fait en sorte qu’elles soient élaborées pour garantir que les profits tirés de la combustion et de l’empoisonnement de la Terre continuent de grimper.

De plus, même si le fonds «pertes et dommages» disposait de ressources adéquates et d’une gestion correcte pour subvenir aux besoins des personnes touchées par le changement climatique, il ne s’attaque pas réellement à la crise elle-même. Il encourage l’illusion, sans doute entretenue par de nombreux dirigeants mondiaux présents à la COP2, que le changement climatique peut être résolu simplement en donnant un peu de monnaie à ceux qui ont perdu leurs moyens de subsistance et leurs proches à cause de la dévastation causée par le climat.

En même temps, on prétend que des événements de plus en plus catastrophiques peuvent être traités de la même manière. La logique veut que, même lorsque les pires effets du réchauffement climatique se manifesteront et noieront les côtes du monde, détruiront les habitats et finiront par tuer des milliards de personnes, encore plus d’argent sera la solution.

Le danger majeur du changement climatique est qu’à un moment donné, peut-être lorsque les températures mondiales auront dépassé 1,5 degré Celsius, peut-être après, ou peut-être avant, le climat de la Terre sera découplé de l’activité industrielle humaine et évoluera vers un processus d’emballement qui ne pourra pas être maîtrisé par la technologie actuelle et qui pourrait éventuellement mettre fin à la civilisation humaine. Mais qu’importe quand il y a de l’argent à faire avec le charbon, le pétrole et le gaz naturel?

La véritable leçon de la COP27 est que la classe capitaliste, divisée en États-nations rivaux, n’a pas de solution au réchauffement climatique. Les climatologues avertissent depuis des décennies les gouvernements et les entreprises que la poursuite des émissions de carbone dans l’atmosphère finira, et probablement plus rapidement que prévu, par produire des convulsions cataclysmiques qui posent une menace existentielle pour l’homme.

Pendant ce temps, ces mises en garde sont ignorées et la classe ouvrière de tous les pays souffre du fait que le changement climatique provoque chaque année dans le monde entier des ouragans, des moussons, des incendies de forêt, des vortex polaires, la destruction des récoltes et de nombreux autres désastres. La seule solution est une lutte de la classe ouvrière, une classe intrinsèquement internationale, pour abolir le capitalisme et établir la production sur une base scientifique, mondiale et socialiste.

(Article paru en anglais le 22 novembre 2022)

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